Dans le cadre du projet ambitieux de « refondation de l’école », le ministre de l’Éducation nationale a décidé d’instaurer un « enseignement laïque de la morale » dans tous les établissements scolaires, du CP à la terminale à partir de la rentrée 2015. L’objectif est de promouvoir un « vivre ensemble selon notre idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité »
La génération Y
L’école catholique au service du bien commun
L’enfant unique en Chine
Évoquer la Chine d’aujourd’hui revient en premier lieu, pour la majorité des observateurs, à vanter ses performances économiques. Mais une seconde spécificité qui vient rapidement à l’esprit est la « politique de l’enfant unique », la Chine étant en effet le seul pays au monde à avoir adopté des mesures de contrôle des naissances aussi strictes et contraignantes, faisant des enfants uniques l’un des symboles de la société chinoise contemporaine. Pourtant, et contrairement à une idée répandue, l’impact de cette politique proprement dite sur l’histoire récente de la démographie chinoise n’a pas été si considérable et le modèle familial qu’elle a tenté d’imposer ne s’est, quant à lui, pas généralisé. Il n’en reste pas moins que, depuis les années 1970, la fécondité des femmes chinoises a connu une baisse spectaculaire, d’abord sous le coup de la troisième campagne de contrôle des naissances (lancée en 1971 et dans la continuité de laquelle s’est inscrite la politique de l’enfant unique à partir de 1979) puis, à partir des années 1990, principalement sous le coup des transformations de la société et de la hausse du coût de la vie, en particulier des dépenses associées à l’éducation d’un enfant, consécutif à la libéralisation de l’économie. Cette baisse de la fécondité et le renversement de la pyramide des âges qui en découle ont, à leur tour, des conséquences considérables sur la société et les individus : avec la baisse du nombre d’enfants et l’augmentation de celui des personnes âgées, cette transition démographique induit d’importants changements dans le statut, le rôle et les besoins de prise en charge des uns et des autres, notamment en matière d’éducation et de santé. Ainsi, non seulement les enfants chinois d’aujourd’hui, issus pour la plupart de fratries de taille restreinte, grandissent dans un environnement social et familial souvent bien différent de celui de leurs parents au même âge, mais encore sont-ils amenés, une fois adultes, à devoir assumer la charge de personnes âgées de plus en plus nombreuses.
L’accès à l’eau, un droit pour tous
Dans le quartier de Damas, sur une hauteur de Yaoundé, la capitale du Cameroun, les robinets ont cessé de couler mi-2011. Depuis, Mama Rosalie, mère de six enfants, emprunte souvent le sentier glissant qui pique vers le ruisseau en contrebas, dont elle revient hissant à bout de bras son jerrycan de vingt litres. En 2013, année internationale de l’eau, il lui faut faire ainsi plusieurs allers-retours, cinq kilomètres en tout, pour couvrir un jour de consommation. Elle ramène un liquide incertain qu’elle doit ensuite faire bouillir, du moins la part réservée à la boisson car le bois et le charbon coûtent cher. Une autre habitante de Damas, Jessica Mdzeka, recourt aux services des vendeurs ambulants. La facture est salée : 100 Fcfa (0,15 €) pour 20 litres, alors qu’elle payait avant l’eau du robinet 63 Fcfa le mètre cube. L’eau du porteur lui revient ainsi 80 fois plus cher, soit 3 euros pour un jour de consommation d’une famille de sept personnes. Son salaire mensuel s’élève à 154 euros. Certes, face à cette situation, la municipalité et Camwater, la société nationale de distribution de l’eau, ont mis en place un service d’approvisionnement d’urgence pour assurer un minimum de continuité du service public à Damas et dans les seize autres quartiers où l’eau ne coule plus. Mais les volumes distribués tous les quatre à cinq jours sont très loin de répondre à la demande des habitants. Et ils sont une goutte d’eau dans l’océan du problème : les services de la ville sont, littéralement, à sec. Yaoundé, comme toutes les villes africaines, connaît une expansion très rapide et compte désormais plus de 3 millions d’habitants, dont les besoins sont estimés à 310 000 mètres cubes d’eau par jour. Or la vieille station de traitement d’Akomnyada, à 40 kilomètres, qui alimente le réseau urbain, n’en produit que 100 000. Dès 2015, ce sont même 400 000 mètres cubes qui seront nécessaires. Les plans annoncés – réhabilitation et extension d’Akomnyada, création d’une seconde station de traitement – permettront à peine un doublement de l’offre actuelle. D’où un projet pharaonique à 885 millions de dollars de captation des eaux de la Sanaga pour approvisionner la capitale, avec l’aide de capitaux chinois. En attendant qu’il voie le jour – s’il voit le jour – l’immense majorité des habitants de Yaoundé continuera, ici comme ailleurs, à la ville comme à la campagne, de vivre sans disposer d’un simple robinet et de s’approvisionner par divers moyens, plus ou moins sûrs pour la santé et en tous les cas coûteux en temps ou en argent : forages, puits, achats d’eau auprès de revendeurs privés, voire, au pire, comme Mama Rosalie, prélèvements d’eaux de surface.
La génération Y, une classe d’âge façonnée par le Net
Se distraire, consommer, s’informer est désormais possible depuis un smartphone ou une tablette, et ce en un simple clic. Vivre connecté, télécharger de la musique en ligne, faire un exposé à partir de Wikipédia, poster ses photos sur Facebook relève de l’évidence pour les digital natives. Nés entre le début des années 80 et le milieu des années 90, les 15-30 ans appartiennent à ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « génération Y ». L’origine d’une telle dénomination reste incertaine. Selon certains, la cohorte des 15-30 a ainsi été baptisée du fait qu’elle succédait à la génération X, celle des quadragénaires, eux-mêmes élevés à l’ombre de la génération des baby-boomers. D’autres avancent une explication différente : le Y, qui se prononce « why » en anglais et signifie « pourquoi », renverrait à la remise en question permanente par les 15-30 ans des décisions prises par leurs aînés. « Ces jeunes ont le sentiment d’avoir réponse à tout en ligne. Dès lors, ils ne supportent pas les autorités autoproclamées. Ils veulent comprendre avant d’apprendre ou d’obéir », explique Olivier Rollot, spécialiste des questions d’éducation et auteur de La génération Y1. Reste à savoir comment caractériser cette classe d’âge. Si les générations précédentes ont le plus souvent été marquées du sceau d’un événement historique (les deux guerres mondiales, Mai 68, etc.), les digital natives ont été massivement et durablement façonnés par Internet. « Leur appétence pour les nouvelles technologies et leur dextérité à les manier est spécifique à cette génération », constate Monique Dagnaud, sociologue et directrice de recherche au CNRS2. La génération Y ne se résume, certes, pas à cela. Elle est marquée par la précarité affective et professionnelle de ses aînés. Elle se caractérise aussi par une forte défiance vis-à-vis des institutions. Mais nous choisirons avant tout ici de nous intéresser à la manière dont la révolution numérique a façonné cette classe d’âge. Le fait d’être entourés d’écrans et de vivre en permanence connectés au Net a en effet bouleversé les modes d’apprentissage des 15-30 ans, de même que leur façon de se socialiser, de se cultiver, de militer, etc. En quoi l’émergence d’Internet – que certains présentent comme aussi fondamentale que l’avènement de l’écriture ou l’apparition de l’imprimerie – fait-elle des digital natives des élèves, des consommateurs et des citoyens différents ?
Quelles utopies à l’ère du numérique ?
En 1973, l’agronome René Dumont ouvrait grande la porte aux thèmes de l’écologie avec un livre dont le titre brandissait une alternative : L’Utopie ou la Mort. Le choix bien compréhensible en faveur de l’utopie signalait alors le pouvoir d’imaginer un autre monde et celui d’un sujet humain convaincu de sa vocation à le transformer. Il exprimait la confiance de l’homme dans les ressources de sa volonté. Quarante ans après, la désaffection générale pour les lendemains qui chantent, l’essoufflement des idéaux sont tels que le sens de l’alternative : « l’Utopie ou la Mort » pourrait requérir une traduction du « ou » qui supprimerait l’exclusion réciproque des termes, et donc la possibilité même de choisir. La langue latine restituerait bien la traduction en question, en opérant le passage de la disjonction « aut » : Utopia aut mortem, à la coordination « vel » : Utopia, vel mortem – « l’utopie, c’est-à-dire la mort ». En avril 2000, la Bibliothèque nationale de France donnait des points au glissement conceptuel de l’expression à l’occasion d’une exposition retraçant l’histoire de l’utopie selon une tonalité qui la conduisait du plus lumineux au plus sombre : cette histoire s’achevait en effet sur l’évocation des cauchemars totalitaires du xxe siècle, suggérant par là l’échec des hommes à penser une société idéale.
Un présent sans épaisseur
Lors qu’il y a peu encore les enfants étaient tractés en face à face avec la personne qui véhiculait la poussette, on constate de plus en plus une pratique inverse : l’enfant fait face à l’espace ouvert devant lui et n’a plus de vis-à-vis ou de visage à regarder. Effet de mode sans conséquence ? Procédé de vente attractif ? Manie de l’innovation à tout prix ? Tel n’est pas l’avis du philosophe Olivier Rey qui, dans une méditation profonde1, part de cette situation nouvelle pour en mesurer les enjeux. Selon la formule la plus connue, l’enfant est porté dans un face-à-face rassurant, le situant dans un rapport affectif permettant sourires, grimaces, gestes de tendresse ou de menace, échange de paroles ; par là même l’enfant peut se situer en fonction d’une autre personne. Selon la formule nouvelle, l’enfant est mis devant le vide, son regard ne rencontre que des passants anonymes, il est laissé à sa solitude, ouvert sur le monde, dira-t-on pour louer cette pratique, et non plus prisonnier du cercle familial, mais en réalité livré à l’inconnu, source possible d’angoisse. Cette « révolution » est en réalité symbolique d’un rapport typique de l’époque à l’égard de la réalité, d’autrui, de soi-même, et donc aussi du temps qui s’offre dans une infinitude sans limites. Car apparemment ouvert sur l’inconnu, l’enfant n’a peut-être plus d’autre horizon qu’un présent informe, et donc troublant. Un présent sans épaisseur.
Famille, mariage, genre et sexe. Le point de vue d’un bibliste
La France est agitée par des questions sociétales importantes comme les débats autour du mariage homosexuel ou de la fin de la vie. Dans le premier cas, les manifestations et contre-manifestations sont les signes d’une radicalisation et de lignes de fracture qui se renforcent. Ce débat, suivi de près par la revue Études1, appelle un examen des arguments bibliques qui ont été avancés. Les passages du Nouveau Testament concernant les relations homme/femme, le mariage et la famille ne manquent pas, il est vrai. Mais ont-ils tous la même force normative ? Avec quelles règles d’interprétation faut-il les lire ? Tel sera l’objectif, modeste mais critique, des pages qui suivent.
Réflexions sur le roman Hyperion de Hölderlin
Le Saint-Père a récemment accordé une longue audience privée à Angela Merkel. Les questions politiques et morales posées à l’Europe, ainsi que la mondialisation n’ont pas manqué d’être abordées lors de ce samedi matin de Pentecôte. La chancelière protestante a offert à François les enregistrements du chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler dont il aime les interprétations de Beethoven et de Wagner, mais aussi une belle édition des œuvres complètes du poète souabe Hölderlin (1770-1843). En mars dernier déjà, deux jours après son élection, le Pape a cité en allemand ce vers de Hölderlin devant les cardinaux reçus en audience à la salle Clémentine du Palais apostolique : « es ist ruhig das Alter und fromm » (« calme est le grand âge, et pieux »). Notons que ce dernier mot, fromm, condense ici le sens résolument piétiste de ce poème écrit à l’occasion de l’anniversaire de sa grand-mère en 1798-1799.
Herbert List
Qui cherche à plaire se morfond, Se heurtant à la vitre du langage qui crisse, crisse, crisse. Qui ouvre grand sa fenêtre ne se regarde plus regarder, il s’ éclipse dans un grand bain de soleil. Sent, voit, écoute le vent qui l’ efface, L’ astre chaud qui l’ apaise et le blanchit, Et la mer moutonnant jusqu’ à l’ embouchure de la grâce.
Dynamo, l’art électrique au Grand Palais
Dynamo, un siècle de lumière et de mouvement dans l’art 1913-2013
Cannes 2013: Une Palme qui cache la forêt ?
Pour la deuxième année, Études consacre une partie de ses carnets cinéma d’été à la moisson de films qui, présentés à Cannes en mai, composeront la saison cinématographique à venir. Ce bilan d’étape est à compléter par la lecture d’un dossier disponible exclusivement en ligne, consacré notamment à des films de la sélection cannoise désormais sortis en salle.
La colère douce de Keith Haring
Parmi les artistes qui ont fait irruption sur la scène artistique dans les années 1980, Keith Haring (1958-1990) fait figure de gentil. Ses bébés accroupis entourés par de petits traits énergiques, ses chiens aboyeurs, ses personnages se livrant à des contorsions exubérantes, ses couleurs contrastées, son sens aigu de la formule visuelle, sa capacité à couvrir des surfaces de toutes tailles sans se laisser déséquilibrer, et une pincée de sexe ici ou là mais sans vulgarité grâce à un dessin rapide, efficace, habilement elliptique, lui ont permis d’être apprécié des amateurs et d’un public plus large qui ne met jamais les pieds dans les centres d’art contemporain.