Société - La mort de Vaclav Havel, le 18 décembre dernier, est l’occasion de saluer le destin politique exceptionnel de cet écrivain tchèque dissident qui n’a pas décliné les responsabilités de président et de figure d’homme d’État de premier plan pour mettre ses idéaux à l’épreuve de la transition démocratique dans son pays. Au moment où l’Europe traverse une crise (financière, politique et morale) grave, elle invite également à revenir sur le sens et l’héritage de la dissidence qui fut, au coeur de l’Europe, un des foyers les plus élevés de la résistance politique et spirituelle post-totalitaire. Porte-parole de la Charte 77, mouvement de défense des droits de l’homme, Vaclav Havel est un des principaux artisans de la « révolution de velours » de novembre 1989 qui mit fin à plus de quarante ans de communisme.
Espagne : les mains fragiles des Indignés
Que reste-t-il de la dissidence ?
L’urgence occultée de la crise climatique
International - Il faut se rendre à l’évidence : la bataille planétaire contre le réchauffement climatique est mal engagée. Même si le compromis arraché in extremis en décembre à Durban a permis d’éviter un effondrement du processus de négociation, il n’offre guère de place à l’optimisme. Malgré l’engagement pris de conclure un accord international « ayant force légale » en 2015, jamais la perspective d’une mobilisation planétaire d’ampleur suffisante pour réduire significativement les émissions mondiales de gaz à effet de serre n’a paru si éloignée. Depuis l’échec du sommet de Copenhague en décembre 2009, le coeur n’y est plus, et l’on ne voit pas ce qui, à court terme, pourrait modifier cette situation. Plan de l'article : Les signes inquiétants d’une démobilisation générale Le poids des urgences économiques La cécité préoccupante des Américains Le « dilemme du prisonnier » à l’échelle de la planète Les chemins abrupts de la transition écologique
Espagne : les mains fragiles des Indignés
International - À l’automne 2011, la mondialisation et la médiatisation des Indignés semblent à un tournant. Les manifestations du 15 octobre, convoquées sur la toile et organisées dans le monde entier de façon simultanée, confirment l’ubiquité du mouvement. Au même moment, le mouvement Occupy Wall Street acquiert une visibilité qui tend à éclipser le mouvement éponyme des Indignés : le mouvement espagnol. En Espagne même, ce mouvement appelé localement Mouvement du 15 mai se voit infliger un désaveu par les urnes : plus de sept Espagnols sur dix sont allés voter le 20 novembre. Ils ont donné une victoire écrasante au Partido Popular de droite, alors que les motifs de protestation des Indignés étaient considérés comme légitimes par 79 % de l’opinion espagnole en juillet 2011 et que certaines de leurs propositions de changement étaient jugées recevables par plus de 85 % des personnes interrogées. Plan de l'article : Qui sont-ils ? Les signes d’identité du Mouvement du 15 mai Que veulent-ils ? Un programme, des programmes Que font-ils ? La démocratie au ras du trottoir
La virilité est-elle en crise ?
Société - Entretien avec Jean-Jacques Courtine Plan de l'article : – Pourquoi une histoire de la virilite plutot qu’une histoire des hommes ? – Quels sont les éléments essentiels du dispositif viril ? La fabrique de la virilité est-elle exclusivement une affaire d’hommes, un contrepoids nécessaire au privilège des femmes de pouvoir accoucher des garçons ? – N’y a-t-il pas dans ce legs viril quelque chose qui relève également de la transmission père-fils ? C’est un autre dispositif de la fabrique de la virilité – qui est peut-etre aussi en train de se defaire, ou en tous cas de se recomposer differemment. – Cela montre bien que la fabrique de la virilité n’est pas simplement une affaire d’hommes. Le fait que les femmes s’en melent est-il un des elements de cette crise de la virilite ? – Quand les femmes deviennent viriles, elles détachent la virilité de la puissance sexuelle masculine. La virilité, quand les femmes se l’approprient, se rattache-t-elle davantage a une vertu morale ? – Peut-on surmonter la contradiction entre une fragilité du genre masculin aujourd’hui et, en meme temps, la resurgence de stéréotypes virils violents, par exemple dans les jeux video ou le rap ? – Les hommes n’ont-ils pas besoin de trouver d’autres lieux d’identification masculins ? – Comment voyez-vous l’émancipation des femmes et des homosexuels par rapport a la perte de la pertinence sociale de la virilite, ou par rapport a sa recomposition ? – Cet apprentissage-la ne peut-il se faire qu’entre hommes ? Ne se fait-il pas finalement dans la rencontre de l’homme et de la femme ?
Le débat suisse sur les organisations d’aide au suicide
Société - Le Code pénal suisse se distingue des législations pénales des principaux pays européens en ce qu’il n’interdit pas l’aide au suicide : son article 115, prévoit que « celui qui, poussé par un mobile égoïste, aura incité une personne au suicide, ou lui aura prêté assistance en vue du suicide, sera […] puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ». Aider quelqu’un à se suicider n’est donc pas punissable en Suisse, dans la mesure où la personne qui prête cette assistance obéit à des motifs honorables. Plan de l'article : Le dilemme médical Le dilemme de la liberté personnelle Le dilemme du gouvernement suisse Le suicide, ultime liberté ou détresse profonde « Vivre et mourir dans la dignité » Pour une éthique de la relation
Apprendre à penser avec Platon
Arts et philosophie - Il existe un fort contraste, dans les dialogues platoniciens, entre le charme et la souplesse de la conversation – comme si, à l’instar du Phedre, nous étions à proximité d’un cours d’eau devisant à l’ombre d’un arbre et au chant des cigales – et la violence d’une morsure au coeur de l’âme qu’ils nous font subir, telle la blessure sauvage de la vipère. Plan de l'article : Dialoguer Réfléchir en prenant distance Le devoir de penser et de rechercher la vérité Perplexités… À la recherche de la définition Vers une solution : la Forme, l’Idée Quand la pensée réfléchit ses propres chemins Vivre libre, comprendre S’exercer à penser juste Revenir à la Source
La tolérance et le droit à la liberté
Religions - La tolérance semble aller de soi. L’intolérance est l’une de ces attitudes qui rencontrent une réprobation quasi spontanée. Mais n’est-ce pas précisément à cause de l’impossibilité d’accepter l’intolérance que l’on crédite globalement la tolérance de quelque vertu ? La remettre en question, ne serait-ce pas faire fi du prix dont la société l’a payée face aux despotismes en tous genres ? Et pourtant il faut oser la remettre en question. Pour une triple raison. La première raison tient au fait que le mot devenu « passe partout » sert souvent à couvrir toutes sortes de démissions devant les difficultés de la recherche du vrai et du bien. La deuxième est que la tolérance conçue comme un idéal est apparue dans un contexte d’hégémonie religieuse qui n’est plus le nôtre en Occident. La troisième raison, de loin la plus essentielle, est que la liberté bien comprise est tout autre chose que la tolérance et en tout cas son indispensable dépassement. La tolérance relève de l’accommodement et non de l’idéal. Plan de l'article : Le seuil du droit difficile à franchir La tolérance reçue comme une heureuse conquête Dépasser la tolérance La marge entre tolérance et liberté Reconsidérer le rapport à la vérité
Philip Roth : l’histoire à contre-voix
Arts et philosophie - À en croire Zuckerman, l’un des porte-voix de Roth, son alter ego, son « double cérébral » 2, comme l’auteur se plaît à le nommer, entre l’histoire et les juifs il y aurait donc comme un lien intrinsèque, inévitable, hautement signifiant dont une grande partie de la fiction de Roth rend compte. Mais cette idée-force ne saurait toutefois se concevoir sans la boutade qui la véhicule. Tout Philip Roth est là, dans un art consommé de la provocation destinée à masquer les sujets sérieux et tout entier au service d’une écriture sans demi-mesure, virant parfois à l’excès. En un mot on ne peut qu’être désarçonné par cet auteur « incommode », selon la formule d’André Bleikasten. Plan de l'article : « La Voix de l’Histoire » L’histoire américaine revisitée
Danser sa vie ou la fusion des arts au xxe siècle
Expo - « Mon art est précisément un effort pour exprimer en gestes et en mouvements la vérité de mon être. […] Je n’ai fait que danser ma vie », écrit Isadora Duncan dans un livre publié en 1928. Cette phrase a donné son titre à une exposition foisonnante et ambitieuse du Centre Pompidou, Danser sa vie. C’est une histoire parallèle des arts plastiques et de la danse de 1900 à aujourd’hui, plus d’un siècle d’observation mutuelle, d’amour et de méfiance, d’échanges, de défis parfois relevés, parfois abandonnés, et d’une passion partagée pour le mouvement des corps dans l’espace : 450 oeuvres, un dédale pour deux arts qui, avant la révolution artistique de la fin du xixe siècle, étaient encore séparés. Mais qui donc danse sa vie ? Isadora aux bras jetés vers le ciel ?