Le débat politique s’est récemment concentré autour du problème de la burka et, pour des raisons de logique partisane, il va sans doute aboutir à une loi – les gouver nements français ayant pris l’habitude de « résoudre » les pro blèmes sociaux par une loi, éventuellement plus publicitaire qu’efficace. Personne ne défend le port de la burka, même si l’on peut discuter de l’opportunité d’adopter une loi d’inter diction générale ou de suivre le Conseil d’Etat en votant une loi plus limitée. Même si la burka ne concerne qu’un nombre réduit de personnes, évalué par les autorités compétentes à environ deux mille, il n’est pas douteux que son sens symbo lique dépasse de loin ce que semble impliquer ce petit nombre. (...)
Politiques d’intégration
Par-delà la burka : les politiques d’intégration
Pénibilité du travail
La notion de pénibilité du travail apparaît comme un sujet sensible de premier plan dans la réforme des retraites. Présentée comme « une avancée sociale majeure » par le gouvernement, elle est loin de faire l’unani mité du côté des syndicats et des médecins du travail qui en dénoncent les caractères restrictifs et figés. Au-delà même du débat sur les règles de reconnaissance de la pénibilité, le ral longement de la vie active soulève le problème plus large des conditions de travail. Les Français ne s’opposent pas à l’exi gence de travailler plus longtemps, à condition de travailler plus humainement. (...)
Ces guerres qu’on ne sait plus gagner
Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux ont connu un fiasco en Irak et sont enlisés en Afghanistan depuis 2001, alors qu’ils disposent certainement de la plus grande puissance militaire de l’Histoire. Comment expliquer le décalage qui semble apparaître entre puissance militaire et capacité à atteindre les objectifs politiques fixés ? Malgré des outils militaires puissants et toujours plus onéreux, il semble que les Occidentaux ne sachent plus gagner les guerres qu’ils choisissent de conduire. Cet article vise à identifier des pistes de réflexion permettant d’expliquer cette apparente « stagflation militaire ». (...)
L’Europe et ses Etats dans la mondialisation
Le débat public privilégie souvent les habitus nationaux dans la prise en compte des effets de la mondialisation. Cette réaction est naturelle. On est toujours tenté d’in terpréter les mouvements du monde à partir de sa propre expé rience politique. Ainsi s’inquiète-t-on, en France, de l’avenir de la nation et de son identité tout en déplorant l’impuissance de l’Etat. De fait, dans un pays où, des Capétiens à Bonaparte, de la monarchie à la république, l’Etat a été conçu comme le souverain qui arbitre et oriente la vie nationale, l’idée que sa liberté d’action puisse être diminuée ou entravée paraît à beau coup inconcevable. (...)
Adolescence et monde virtuel
L’évolution technologique de ces dernières années et les supports qu’elle a offerts au grand public avec Internet ont incontestablement marqué nos vies quo tidiennes à un point que l’on ne fait que commencer à mesu rer. Pour la génération des moins de vingt ans qui a baigné dans cette culture depuis toujours, l’impact est décisif. Pour ceux qui se sont construits dans un monde où la réalité ne se limite plus à ce qui est tangible, les supports numériques interrogent le rapport à l’environnement, à l’autre et à soi dans des termes totalement nouveaux. C’est cette rencontre entre adolescence et réalité virtuelle que nous souhaitons explorer ici à partir de ce que la clinique de l’adolescence nous enseigne, dans les registres de la créativité et de la destructi vité, registres souvent présents et intriqués dans cette étape cruciale de l’existence où chacun cherche sa voie entre auto nomie et dépendance. (...)
L’individu autonome, du bon usage d’un mythe
La cure analytique est un observatoire privilégié pour percevoir les espérances contemporaines de bonheur. Il m’arrive de demander, en début de parcours avec une personne, quelles sont ses attentes, que signifie pour elle « aller bien », ou « aller mieux », afin de percevoir son ima ginaire du cheminement. Le thème de la réalisation person nelle est souvent central : avoir une vie intense, « faire quelque chose qui me passionne tous les jours, me lever tous les matins en me disant que je vais profiter de la vie une journée de plus », affirme une analysante. (...)
Faut-il parler des papillons de Nabokov ?
La publication de Laura, roman inachevé de Vladimir Nabokov (Saint-Pétersbourg 1899-Montreux 1977), par son fils Vladimir, a clos en 2010 un débat dont le reten tissement a largement excédé le cercle restreint des spécia listes de Nabokov. C’était à vrai dire un pur bijou de casuistique littéraire : fallait-il brûler les fiches de Laura, lais sées par Nabokov à sa famille avec la demande expresse qu’elles seraient détruites après sa mort ? Que choisir ? Respecter les volontés du défunt ou priver la littérature mon diale d’un possible chef-d’oeuvre ? (...)
Le pied de Nourrev
Ceci est un pied. Le pied de Rudolph Noureev. D’un rectiligne incroyable, parfait. On dirait un foret, qui va creuser le sol, un pic plein de relief et d’ombres. Un sommet à l’en vers. Une sorte d’arme inquiétante. L’outil de base du danseur. La fine pointe de son corps, qui le relie au sol. (...)
Corot, Monet, la nature est un jardin
Aujourd’hui, nous le croyons, la nature est un jardin. Elle n’effraie plus par ce qu’elle est, par les mystères et par les dangers qu’elle recèle mais parce que l’action humaine en a changé les équilibres. L’idée d’une nature dont l’humanité serait responsable, d’une nature entièrement humanisée, a pourtant mis longtemps à faire son chemin dans les pratiques sociales et économiques. Elle était constituée bien avant dans l’histoire de la peinture européenne, et particulièrement dans celle de la peinture française. Deux expositions en témoignent : Corot en Suisse au musée Rath de Genève, et Claude Monet au Grand Palais à Paris. (...)
De la musique à l’Exposition Universelle de Shanghai
Du 1er mai au 31 octobre, l’Exposition Universelle de Shanghai (première en Chine) s’est proposée de défendre et d’illustrer le slogan « Better City, Better Life » apte à aiguillonner nos contem porains sensibles au paradigme du siècle, le développement durable. « Compréhension, communication, union et coopération » : ces thèmes les plus apaisants ont été convoqués devant de nombreux témoins – 70 millions de visiteurs et 200 pays ou organisations internationales participants – pour représenter l’entrée en scène mondiale d’un premier rôle attendu, la Chine. Tel est d’ailleurs l’argumentaire officiel : « un grand forum sur la vie urbaine, une symphonie dont le leitmotiv est “Innovation” et “Interaction” et un remarquable dia logue entre les différentes civilisations ». Bref, que du consensuel. (...)