Qui suis-je ? Suis-je toujours la même personne ? A quels groupes j’appartiens ? Les interrogations identitaires sont traversées de tensions entre diverses polarités : la double exigence d’une identité collective (le « nous ») et de la création de soi (le « je »), le besoin d’appartenance et le désir d’émancipation, l’aspiration à la permanence et le souhait de changer… Ces tensions sont particulièrement conflictuelles dans des contextes de transformation de société ou de rupture existentielle. Le danger est alors que le fossé se creuse entre ceux qui aspirent au changement et à l’invention de soi, et ceux qui cherchent simplement à rester ce qu’ils sont ; entre une élite cosmopolite, convaincue que l’avenir est au métissage culturel, et des peuples qui ont peur de perdre leur identité.
La dette publique
Le souci contemporain de l’identité
Incertitudes à Jérusalem
Lorsqu’on arrive à Jérusalem, venant de l’aéroport de Tel Aviv, l’impression dominante est celle d’une ville en plein essor. Autoroutes qui se croisent, ponts, quartiers nouveaux sur les collines qui entourent la ville, hôtels luxueux en construction, énormes grues qui pointent vers le ciel, circulation intense, tout témoigne d’une vitalité remarquable. On est en Californie ou en Europe occidentale. Par contraste, la ville arabe, l’ancienne Jérusalem Est, garde le caractère traditionnel d’une ville moyen-orientale : circulation dense dans des rues mal entretenues, échoppes au long des trottoirs, quasi-absence de bâtiments modernes, nombreux terrains vagues, foule qui se presse dans une aimable bousculade. La différence est flagrante. Il est vrai que depuis la conquête de 1967 et l’annexion par Israël qui a suivi rien n’a été fait pour améliorer la vie de ses habitants. Au contraire. En vue de judaïser leur « capitale éternelle », les Israéliens se sont efforcés de réduire sa population arabe par des moyens divers, avec une intensité qui a augmenté ces dernières années1. Après quarante années de ce régime, le résultat est tangible.
La dette publique
Aussi monstrueux soient-ils, les chiffres ne parlent pas par eux-mêmes. Dans sa version minimaliste, et sans tenir compte de quelques manipulations comptables qui permettent de cacher certains engagements de l’Etat, de la Sécurité sociale ou des collectivités locales, bref estimée « à la louche », la dette publique française s’élève, au début de l’année 2010, à environ mille cinq cent milliards d’euros, pas loin de cinquante mille euros par actif, presque 80 % du produit intérieur brut. En 1978, la dette publique française pesait quatre fois moins, environ 21 % du PIB. Selon le ministre du Budget, la dette publique française pourrait se monter à 90 % de la richesse produite en une année à l’horizon 2012. « Si rien n’est fait », la Commission européenne table pour 2020 sur une dette moyenne de 120 % du PIB européen, dont 130 % pour la France, 180 % pour le Royaume-Uni, et 100 % pour l’Allemagne. Est-ce grave ? La réponse est incertaine.
Roms, une question européenne
Roms, Tsiganes, Manouches, Sinté, Gitans, Kalé, Yéniches, Travellers… Noms génériques dont les délimitations sont sujettes à controverse ; noms à usage interne ou donnés par les populations environnantes ; noms de tribus, de clans, de castes, attachés ou non à un corps de métier privilégié (comme les Ursari, montreurs d’ours) ou à une région (les Vlax, de Valachie, aujourd’hui très présents aux Etats-Unis). « Gens du voyage », ou sédentaires. Autant de mots et de concepts qui dessinent les contours d’une galaxie aussi touffue et complexe que discrète et mystérieuse pour la majorité des gadjés, partagés entre la fascination et le rejet, autant de noms pour autant de facettes diverses d’une réalité européenne souvent mal perçue. Les récentes vagues de migrations depuis la Roumanie, la Bulgarie et l’ex- Yougoslavie, le retour en force d’un populisme faisant des Tsiganes de commodes boucs émissaires en Europe centrale, en Italie et en France, rendent plus urgent l’effort de comprendre la situation des Roms et des voyageurs, sa complexité, sa richesse aussi.
Descartes ou le scepticisme défait
Au plan intellectuel et philosophique, la proposition de (re)lire Descartes n’apparaît pas comme la plus novatrice ou exaltante qui soit, ne serait-ce que parce que les thèses cartésiennes semblent connues de quiconque s’intéresse aux choses de l’esprit. Cette impression de déjà-vu et de familiarité tient à trois principaux facteurs.
Olivier Clément, itinéraire d’un théologien orthodoxe
En 1968, le théologien orthodoxe français Olivier Clément fait le voyage d’Istanbul pour rencontrer Athénagoras, patriarche de Constantinople, le premier parmi les prélats orthodoxes. Le patriarche vient d’une histoire complexe, celle du monde musulman après la décomposition de l’empire et l’affrontement des nationalismes. Mais c’est aussi un homme nourri de la grande tradition orthodoxe du premier millénaire, celle des Pères, confronté à la modernité laïque de la Turquie, au nationalisme et à la Guerre froide. Athénagoras est « l’ancien » de la tradition. Dans le dialogue entre Olivier Clément, né en 1921, jeune résistant durant la Deuxième Guerre mondiale, et Athénagoras, marqué par les guerres des Balkans, ce ne sont pas deux générations qui se confrontent, mais deux mondes. Ces conversations qui vont durer trois semaines vont permettre au jeune théologien de découvrir quelques aspects de la vie et de l’activité pastorale du patriarche. Il s’ensuivra un gros livre publié chez Fayard en 1969 sous le titre Dialogue avec le patriarche Athénagoras. Ce volume eut un grand succès et fut réédité en 1976.