L'éphémérité n'est-elle pas l'expérience de tous les instants? À l'instant même, je respire et voilà qu'un nouveau souffle annule le précédent. Ainsi, tout à la subjectivité du moment, l'éphémère pousse à l'agir. Histoire d'arpenter l'espace, de « bien accueillir l'esprit de la vague, accepter le fluant et le flottant, une vie passage pourtant essentielle qui trouve dans l'élément aquatique sa réalité et sa métaphore1 ». En ce début du XXIe siècle, la généralisation du jetable fait figure de cliché, hérité en droite ligne du ton alarmiste des écologistes des années 1960. L'obsolescence des objets d'aujourd'hui est un secret de polichinelle. Le marché du travail s'aligne également sur ce fait avéré : nommément, la précarité générale dans laquelle baignent les producteurs-consommateurs de biens.
Éphémère
Mine de rien
La terre est passée
La relation au temps est étroitement liée à la façon d'habiter l'espace. Au fil de l'histoire et des cultures, les deux concepts ont tendance à se différencier ou à se confondre. Le phénomène d'expédition art nature dont j'ai été témoin au cours des deux dernières décennies soulève un fascinant paradoxe quant à la présence hic et nunc. Il va peut-être à contre-courant de la vague d'art éphémère à laquelle il semble appartenir, en rejoignant, dans ses intentions et sa manière, des pratiques d'une autre nature. La démarche est un contexte
Chronique du temps pressant
Est-ce le fait d'une séduction ou d'un leurre, de faire confiance aux images, aux œuvres apparemment dissimulées ? Quand Bramante a fait construire le célèbre trompe-l'œil à la sacristie de l'église Santa Maria presso San Satiro de Milan, a-t-il pensé au moment du regard du visiteur, ce moment unique qui permet de perdre la tête, au moins une fraction de seconde, pour se laisser embrasser par l'illusion ? Mais la chapelle de Bramante reste et restera encore pour des siècles, tandis que certaines œuvres contemporaines subsistent seulement le temps d'une exposition. Ou tout au plus, à travers des photos de ces œuvres temporaires, ensuite commercialisables pour les galeries.
Précaire monument aux fluides ambiants : une plongée dans l’oubli avec Lani Maestro
La présence monumentale de l'installation de Lani Maestro dans la grande salle de la Fonderie Darling ne doit pas nous abuser. L'air de rien, c'est toute prétention à s'installer dans l'être qu'elle met en cause, ne l'admettant que comme faire-valoir de ce qui brille par son absence et n'est justement pas rien, mais le milieu de toute existence : l'élément air, voué à l'oubli dès que celle-ci prend forme et lui emprunte sa vie. Maestro répercute ici la méditation de Luce Irigaray sur L'oubli de l'air chez Martin Heidegger, à propos de cette hypothèque grevant même l'effort de penser l'oubli de l'être en son déploiement à partir de l'Ouvert, puisqu'il négligerait une fois de plus les éléments qui le constituent.
Jouer l’éphémère au corps
Dramaturgie de l'éphémère et de la trace dans la création instrumentée de Pierre Hébert. Si l'on peut penser quelque chose comme étant éphémère, c'est parce qu'on peut aussi concevoir quelque chose qui serait permanent. Dans cet hiatus entre ce qui passe et ne dure pas, et ce qui dure éternellement, il se produit beaucoup de choses. Cet « espace de temps et [de] temporalisation de l'espace est différance » (Stiegler, 1994), donc trace et instrument du traçage. Mais, en dernière analyse, ce sont nos corps qui sont éphémères et voués qu'à ne passer. Quant au reste, ce qui serait du domaine de l'art et de l'esprit, cela se trouve sans doute dans ce drôle d'espacement constitué de la mémoire et de sa trace, de gestes et de rythmes, de techniques et de langages (Leroi-Gourhan, 1964 et 1965). Il réside dans les tentatives infinies d'inscription d'une éternité, ou d'une durée qui nous survivrait.
Ce que (me) dit le Fragment 6 d’Héraclite
Interview avec David Tomas
Michel Schweizer
Théâtre Bordeaux
Shary Boyle, Enfance et histoire : le nouvel insolite folk
Exposition Montréal
The Debris of the Aura : Valérie Blass at Parisian Laundry
Exposition Montréal
“Trajets ”, récits gigognes
Montréal
Patrick Ward : le spectre des procédures
Montréal
Éric Ladouceur, Capitaine Midas
Montréal
Versailles, Takashi Murakami, La conscience est ronde
Versailles
Didier Marcel : La nature de Marcel. Du champ moulé aux cerfs vidés
Paris
Sabine Zaalene, Séquences – Le temps suspendu
Monthey
La pratique critique de Patrice Loubier
Vers un renouvellement de la critique d'art