Plantes

Ce que disent les plantes

par Sylvette Babin

Nous changeons grâce à des collaborations à la fois intra et interspécifiques. Ce qui importe pour la vie sur Terre se manifeste dans ces transformations, et non dans les arbres de décision d’individus autosuffisants.

Vers un art écosophique

par Cléo Verstrepen

Dans Les trois écologies, Félix Guattari explique qu’une véritable révolution écologique ne pourra avoir lieu sans un changement de paradigme global, qui ne se limiterait pas seulement à une prise de conscience environnementale, mais concernerait également les sphères du social et de la subjectivité humaine. Il ne s’agirait plus de considérer les problématiques contemporaines séparément, mais de les aborder comme un ensemble, en apprenant à penser de manière transversale, car «non seulement les espèces disparaissent mais [aussi] les mots, les phrases, les gestes de la solidarité humaine1 », écrit le philosophe. Il regroupe ainsi les trois écologies – environnementale, sociale et mentale – sous le concept d’écosophie, qui permet de caractériser un engagement à la fois pratique et théorique, politique et esthétique.

La photographie entre nature et culture

par Roger Hopgood

Les végétaux sont bien enracinés dans l’histoire de la photographie. Des «dessins photogéniques» de fougères réalisés par William Henry Fox Talbot aux tulipes érotisées de Robert Mapplethorpe, la sophistication naturelle des plantes et des fleurs se révèle tout entière dans la forme photographique. Or, la capture de la flore par les moyens mécaniques de l’objectif et de l’obturateur n’est pas toujours comprise comme la rencontre de deux opposés. Il arrive même que le procédé photographique passe pour une sorte de complice naturel, presque vierge de toute détermination humaine. Pour Louis-Jacques-Mandé Daguerre, par exemple, à propos du daguerréotype, qu’il breveta en 1839, la photographie « n’est pas un instrument servant à dessiner la nature, mais un processus chimique et physique qui lui donne la facilité de se reproduire d’elle-même ».

Du temps et des fleurs

par Kyveli Mavrokordopoulou

Les fleurs constituent une bonne illustration du cycle complet de la vie. De l’éclosion de la jeunesse jusqu’à la mort en passant par le dépérissement qui accompagne la vieillesse, elles sont un symbole parfait de mutabilité. En ce sens, elles représentent admirablement le temps qui passe. Dans la nouvelle de J. G. Ballard «Le jardin du temps», la technologie fantastique des «fleurs du temps» leur permet d’arrêter momentanément son passage. Ces fleurs étranges, qui poussent dans le jardin d’un château, ont le pouvoir de ralentir l’avènement du futur. L’histoire raconte comment les deux châtelains tentent d’utiliser les fleurs du temps pour retarder l’arrivée d’une bande de paysans en colère qui se profile à l’horizon. À la fin du récit, la foule a envahi le château et les bourgeons ont disparu, mettant le lecteur en garde contre l’emploi d’astuces magiques pour maitriser le temps. Comment se protéger d’un avenir menaçant (personnifié ici par la foule)? Telle semble être la question que soulèvent ces fleurs allégoriques qui effacent le temps.

Rashid Johnson

par Giovanni Aloi

À l’été 1936, quand le Musée d’art moderne de New York a exposé les del- phiniums hybrides d’Edward Steichen, le public n’était pas mûr pour considérer cela comme une forme d’art sérieuse. Les delphiniums de Steichen portaient en germe, pourtant, une révolution importante à advenir : premiers orga- nismes vivants à être montrés dans un musée, ou presque, ils remettaient en question de manière inédite les notions acquises d’autorat, de permanence et de pureté. Les fleurs représentées, pour une fois, n’avaient rien à voir avec celles des tableaux de l’âge d’or de la peinture hollandaise. Elles étaient tout à fait silencieuses; elles n’avaient rien à dire sur la religion. Elles exhibaient fièrement leur beauté, avec l’assurance des objets d’art naturels qui existent par eux-mêmes.

Fatma Bucak

par Anaïs Castro

Le rosier de Damas

Végétale

par Tak Pham

Comment Arabidopsis thaliana, une petite plante sauvage, peut-elle porter l’avenir de l’humanité dans l’espace? Voilà une des questions qui ont guidé le collectif d’artistes Soft Turns au cours d’une résidence de recherche de trois ans à l’École des sciences de l’environnement de l’Université de Guelph. Le collectif, formé des collaborateurs et conjoints de longue date Wojciech Olejnik et Sarah Jane Gorlitz, tient son intérêt pour les plantes de son insatiable curiosité pour la relation subtile entre la familiarité et l’étrangeté dans notre expérience quotidienne. L’installation vidéo multicanal Fluorescence (2015) marque la première exploration botanique du collectif à l’échelle microscopique. L’œuvre présente un montage d’images de cellules végétales tirées de huit éditions de l’ouvrage Biology of Plants (Biologie végétale, 1970-). La lumière d’un écran d’ordinateur portable éclaire les images à une intensité proche du minimum nécessaire pour déclencher la photosynthèse.

Michelle Bui

par Anaïs Castro

Spilled Plenitude

Luce Meunier

par Anne Roger

Récit d’un parcours plastique

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