Commerce: l’art comme transaction

Connexions implicites : les mots magiques des années 1990

par Tristan Trémeau

Le vocabulaire économique a occupé, à la fin des années 1990, une place considérable dans les discours sur l’art, notamment au sujet des artistes identifiés à l’esthétique relationnelle. Étudier la prégnance de ce vocabulaire, à travers des expositions et des écrits qui consacrèrent cette esthétique, permet de saisir celle-ci comme relevant avant tout d’enjeux économiques et d’éclairer d’importantes et structurantes évolutions institutionnelles et économiques qui définissent le contexte actuel de l’art, de ses médiations et de son marché, et ce d’autant plus qu’un dispositif financier d’ampleur mondiale, l’Artist Pension Trust, s’inspire aujourd’hui de l’économie relationnelle pour structurer ses réseaux et pour influencer le marché de l’art.

Les labours (labors) de l’art relationnel

par Marie-Josée Lafortune

L’auteur s’intéresse à la réception critique des ouvrages Esthétique relationnelle (1998) et Radicant : pour une esthétique de la globalisation (2009) de Nicolas Bourriaud. Elle les inscrit au sein du contexte de production et de diffusion au Québec, faisant remarquer que le rapport à l’autre y a été théorisé par le biais d’ouvrages portant principalement sur la performance, notant au passage l’influence anglo-saxonne des cultural studies dans l’interprétation des pratiques et de la sphère publique.

Mohamed Bourouissa

par Alexandrine Dhainaut, Ismaïl Bahri

Mohamed Bourouissa est un entremetteur en scène. Il se sert de la relation à l’autre non plus comme finalité de l’œuvre, mais comme moyen de mise en place d’un dispositif artistique. Dans ses projets, il n’a de cesse de faire appel à des intercesseurs – des amis, un détenu, un groupe de vendeurs à la sauvette – pour créer des agencements filmiques. Le type de relation qu’il crée avec eux, l’espace dans lequel elle s’inscrit et les outils de captation qu’il met à leur disposition déterminent la forme même des images.

Ethique et art relationnel

par Amanda Burstein

Le présent article examine d’un œil critique la théorie de l’esthétique relationnelle de Nicolas Bourriaud en lien avec l’œuvre When Faith Moves Mountains (Quand la foi déplace des montagnes) de l’artiste Francis Alÿs. En confrontant la position de Bourriaud à celle de Claire Bishop et Grant Kester, l’auteure s’interroge sur les aspects éthiques de la composante d’échange du projet d’Alÿs et les répercussions de l’art relationnel.

Participation à vendre !

par Vanessa Morisset

South Kensington, Christie’s, vente n° 5537, lot 36, le 25 mars 2010. Une œuvre est à vendre. Elle est estimée entre 5 000 et 7 000 £. Elle partira à 5 625 £. Ce n’est pas très cher pour une œuvre d’art, mais très correct pour une œuvre conceptuelle qui, de plus, n’est pas très ancienne. À vrai dire, elle n’existe même pas encore tout à fait. Son processus de création vient tout juste d’être amorcé. Fiction on Auction, des artistes suédois Goldin+Senneby, est une œuvre qui commence là où les autres finissent, par une vente aux enchères. Mais que vend-on exactement et quel est le réel prix à payer ? L’œuvre interroge le rapport entre l’art contemporain et l’argent, en particulier depuis l’esthétique relationnelle, en tendant un piège aux riches amateurs...

La valeur sentimentale de l’art

par Audrey Laurin

Untitled (2003), le projet d’Andrea Fraser dans lequel elle offre une relation sexuelle à un collectionneur d’art et la documente, a provoqué plusieurs réactions. En analysant les différents discours produits autour de cette œuvre, qu’ils soient de l’artiste, du musée ou de la critique, on observe qu’elle nous en dit plus sur la valeur sentimentale attachée à l’art que sur les mécanismes marchands du monde de l’art. Ainsi, malgré les apparences, personne ne semble prêt à affirmer que l’art puisse se réduire à un acte de prostitution.

Spiral City : l’impasse du paysage économique

par Nuria Carton de Grammont

La vidéo Spiral City (2002) de l’artiste Melanie Smith révèle une vue panoramique de la ville de Mexico conçue à partir d’amples mouvements de spirale filmés depuis un hélicoptère. Il s’agit d’une réponse à l’œuvre Spiral Jetty (1970) de Robert Smithson, laquelle prend la forme d’une digue en circonvolution qui plonge dans les eaux du Grand Lac Salé de Rozel Point, dans le désert de l’Utah. En reprenant la spirale de cette œuvre phare du land art, Melanie Smith traite de la production sociale du paysage à travers l’impact du capitalisme sur le territoire en contexte de dépendance à l’industrie pétrolière. Deux spirales qui montrent l’impasse d’un modèle économique inscrit dans la nature et dans l’espace urbain.

Sculptures de meubles d’Adrienne Spier

par Emily Rosamond

Cet essai présente une partie du travail d’Adrienne Spier de ces dernières années, notamment celui qui a culminé dans sa plus récente exposition solo intitulée Grade (Classe), présentée à la Parisian Laundry en octobre et novembre 2010. Le dialogue entre sculpture et planéité a toujours été au centre des œuvres de Spier, et dans Grade, l’artiste expose des photographies de pupitres qui forment des motifs géométriques. Par cet acte de reproduction, le visiteur est amené à s’intéresser aux particularités des pupitres. La série Inside Desks donne un aperçu des graffitis qui se sont accumulés à l’intérieur des pupitres au fil des années. En présentant des meubles aplatis de diverses façons, Spier nous met au défi de redéfinir le particulier et le schématisé.

Michael Snow, Solo Snow

par Nathalie Desmet

L’exposition Solo Snow revient sur l’œuvre protéiforme de Michael Snow en choisissant surtout des œuvres produites pendant les vingt dernières années. Louise Déry aborde l’œuvre de Snow au regard de la notion constructiviste de la faktura. Cette relecture permet de rendre visible une préoccupation majeure de l’artiste : l’interrogation et la déconstruction persistantes des conventions artistiques et des systèmes de représentation. La volonté de montrer ce qui fait signe, à côté de ce qui est représenté, donne toute sa complexité à l’œuvre de Snow.

Art contemporain chinois dans les collections montréalaises

par Julie Alary Lavallée

L’exposition Drapeau rouge, art contemporain chinois dans les collections montréalaises met l’accent sur la prise de position politique et le rôle dénonciateur que joue l’art contemporain chinois en présentant des œuvres de grands artistes comme Ai Weiwei, Zhang Huan et les frères Gao. Par un regroupement basé sur une origine chinoise commune, cet événement fourre-tout rend compte d’une difficulté du système de l’art occidental quand il est question de l’exposition de cultures étrangères : celle d’imposer un regard englobant et « exotisant » qui dérobe les particularités propres aux œuvres exposées.

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