Qu’attend-on du sociologue aujourd’hui ? L’explication des mécanismes d’intégration de la société, sur laquelle la discipline s’est construite, semble lui échapper si bien que son rôle se cantonne de plus en plus à comparer et à classer des « bonnes pratiques ». La sociologie peut-elle retrouver une ambition intellectuelle et un rôle politique ?
Refaire les lumières ?
À quoi sert la sociologie ? À propos du Travail des sociétés, de François Dubet
La culture d’intimidation aux États-Unis
La politique de G. W. Bush reposait largement sur un discours de la peur. Si celui-ci a été surmonté par l’appel à l’unité nationale d’Obama, il n’en reste pas moins que la culture américaine est marquée depuis des décennies par une montée des formes d’intimidation dans la vie quotidienne : harcèlement au travail, célébration des patrons tyranniques, brutalisation des discours médiatiques, éloge à tous crins de la virilité… La société américaine saura-t-elle revenir à plus de décence ?
L’islam, la modernité et l’avenir de l’homme
L’islam n’est-il que la religion de la « soumission de l’homme à Dieu » ? Ne peut-on concevoir, à partir d’une relecture des commentaires classiques du Coran, l’homme comme « héritier » de Dieu et voir quelles sont les conséquences qui en découlent pour la foi contemporaine ?
“Je t’aime ” : la défaillance et la capture
Déclaration au cœur du pacte amoureux, un « je t’aime » peut être sincère ou hésitant, convenu ou brûlant, suppliant ou narcissique. Puisqu’elle scelle un engagement au moment même où elle s’énonce, quelle place laisse-t-elle à la liberté dans la relation amoureuse?
Le siècle du bonheur ?
A critique éclairée a été tout à la fois joyeuse et corrosive au XVIIIe siècle. L’aspiration au bonheur est un aspect de la critique du discours théologique et du privilège accordé aux promesses de l’au-delà. Mais, plus positivement, le thème du bonheur exprime la recherche d’une expérience de l’unité de l’homme, contre les visions dualistes de la condition humaine qui sont si prégnantes dans les traditions européennes.
Rousseau, une autocritique des Lumières
De l’intérieur des Lumières, Rousseau produit une critique des présupposés de son siècle. Sur des questions aussi fondamentales que le rapport de l’homme à la nature, la théorie du droit naturel ou le lien entre la loi et les mœurs, l’auteur du «I>Contrat social«/I> introduit des écarts décisifs avec ses contemporains. Mais c’est le problème du droit naturel qu’il subvertit le plus profondément, en montrant qu’il ne reçoit de sens que dans un cadre politique qui associe les passions et la liberté.
Lumières “radicales » ou « modérées ” : une lecture à partir de Spinoza (entretien)
À la suite des travaux de Jonathan Israel, on a beaucoup débattu de l’existence d’un courant souterrain des Lumières, plus radical que celles du xviiie siècle, et qui trouve ses racines chez Spinoza. Associant matérialisme et rationalisme, les Lumières radicales se fondent sur une promotion inédite de la démocratie et une critique sans concession du théologique. Constituent-elles une alternative féconde aux Lumières « modérées » ?
L’empire divin des préjugés. Joseph de Maistre contre l’esprit éclairé
Parmi les penseurs antirévolutionnaires, Joseph de Maistre est celui qui propose la critique la plus complète des idéaux des Lumières. Ni la promotion de la raison, ni le thème du progrès n’échappent à sa remise en cause du partage entre nature et histoire, caractéristique de la pensée éclairée. Il dénonce ardemment les contradictions du concept de «souveraineté populaire», ouvrant la voie à une interrogation sur la nature de la démocratie que nous pouvons encore entendre.
Refaire les Lumières ?
Devant de nombreux problèmes de l’actualité, on en appelle souvent à « revenir » aux Lumières comme si celles-ci possédaient en réserve de quoi répondre à nos incertitudes. Que peut signifier pour nous de reprendre « les promesses non tenues de la modernité » ? Comment ce débat a-t-il pris consistance dans la période récente?
Les Lumières : un projet contemporain ? (entretien)
Qu’en est-il aujourd’hui du projet habermassien de tenir les «promesses non tenues» des Lumières ? Si l’invention philosophique du XVIIIe siècle demeure actuelle, c’est parce qu’elle repose sur une conception non dogmatique de la raison. Les Lumières seraient indissociables d’un pluralisme qui, au plus loin des synthèses totalisantes, permet de mettre en scène les conflits plutôt que de les résorber dans un savoir absolu.