Neurodiversité

Neurodiversité : reconnaître la différence

par André-Louis Paré · trad: Oana Avasilichioaei

Développée à la fin des années 1990 par la psychologue et sociologue Judy Singer1, la notion de neurodiversité est associée à l’autisme et au mouvement de revendication pour les droits des personnes autistes; puis, elle s’est élargie à d’autres divergences cognitives telles que le TDAH, les troubles d’apprentissage (dyslexie, dyscalculie, dyspraxie, dysphasie), la douance, l’hypersensibilité, la synesthésie,la déficience intellectuelle, etc. Mais la littérature à ce sujet nous informe aussi que le mot neurodiversité renvoie à l’ensemble des profils cognitifs humains.

La neurodiversité comme catégorie culturelle: des lieux artistiques pour créer des identités et comprendre les neurominorités

par Cristina Moraru · visuels: Emeli Sandé, Siddharth Gadiyar, Yangdzom Lama, Project Art Works, Sam Smith · trad: Catherine Barnabé

Lorsque reconnue comme une catégorie culturelle, la neurodiversité peut désigner un espace de différences cognitive, affective et perceptive structuré comme un lieu collectif. Elle peut s’incarner dans cet espace partagé qui favorise la création d’identités mineures.

Les Ruches d’art: terreau fertile pour la neurodiversité

par Hélène Arsenault, Rachel Chainey · visuels: Ruche d'art (Université Concordia), Ruche d'art du Plateau, La Maison d'Aurore, Nathan, Louise, Jean, Dagui, Paul, Hélène · trad: Käthe Roth

Vecteurs de changement social, les Ruches d’art sont des pôles d’attraction pour la population neurodivergente. Par leurs méthodes et leurs assises théoriques, ces tiers lieux participent à un effort d’inclusion sociale qui soutient naturellement la neurodiversité humaine. Selon Janis Timm-Bottos, art-thérapeute, professeure-chercheure et instigatrice des Ruches d’art, une Ruche d’art « accueille chaque personne en tant qu’artiste et croit que la création artistique est un comportement partagé par tous les humains », et l’émergence de communautés créatives publiques donne lieu à des espaces où sont valorisées l’inclusion et la diversité.

La représentation du territoire chez les artistes neuroatypiques

par Teresa Maranzano · visuels: Markus Buchser, Anthony Maas, Laurent Waeyenbergh, · trad: Oana Avasilichioaei

La question des relations entre art et neurodiversité abordée dans ce numéro thématique m’a rappelé une lecture de jeunesse, le livre de l’écrivain et neurologue Oliver Sacks, Un anthropologue sur Mars. Sept histoires paradoxales, publié en 1995. Je pensais, en particulier, au chapitre « Prodiges », consacré à sa rencontre avec Stephen Wiltshire, un enfant autiste doté d’une mémoire visuelle extraordinaire : il était capable d’appréhender en un seul coup d’oeil des paysages urbains de grande complexité et de les reproduire fidèlement dans les moindres détails, tout de suite après les avoir vus, mais aussi après des semaines ou plusieurs mois.

Une artiste de la sensorialité: rencontre avec Émilie Léger

par Véronique Lagrange · visuels: Émilie Léger · trad: Bernard Schütze

Lors de notre rencontre, Émilie Léger m’accueille à son domicile situé à Pincourt, une ville en périphérie de Montréal, dans la province de Québec. À la fin de ses études, elle a choisi de revenir vers le calme de la banlieue et de sentir l’odeur des fleurs, d’entendre le chant des oiseaux, de se laisser bercer par le doux vent de la rivière des Outaouais.

Discussion à propos de la neurodiversité dans le contexte de l’art-thérapie

par Joelle Coriolan, Mélissa Sokoloff · visuels: Joelle Coriolan · trad: Käthe Roth

Ce dialogue est le fruit de plusieurs discussions entre les autrices au sujet de la manière dont l’art peut soutenir la rencontre neurodiverse, particulièrement en art-thérapie. Selon l’Association des art-thérapeutes du Québec, l’art-thérapie est une « démarche d’accompagnement thérapeutique qui utilise des matériaux artistiques, le processus créatif, l’image et le dialogue, et vise l’expression de soi, la conscience de soi, et/ou le changement de la personne qui consulte ». Dans ce contexte, l’art-thérapeute est la personne professionnelle qui « facilite cette démarche de façon éthique et dans un environnement sécuritaire ».

Sonder les zones grises: entretien avec Laurence Pilon

par Aseman Sabet · visuels: Laurence Pilon · trad: Maryse Arseneault

Axée sur la peinture, la pratique de Laurence Pilon met de l’avant des contours abstraits, parfois biomorphiques, avec des jeux de textures et une attention marquée pour le travail de la couleur, tout en nuances. En 2020, l’artiste reçoit un diagnostic déterminant qui lui donnera l’élan pour s’affirmer ouvertement comme vivant avec le spectre de l’autisme. Cet entretien vise à cerner certains éléments de son parcours depuis cette étape décisive.

Entrelacer ses perceptions: un entretien avec Célia Beauchesne

par Manel Benchabane · visuels: Célia Beauchesne · trad: Käthe Roth

L’artiste émergente Célia Beauchesne affectionne particulièrement le dessin, la peinture, le travail textile et les arts imprimés. Elle brode le papier, dessine des points de couture et coud des motifs sérigraphiés. L’artiste combine les médias choisis avec une sensibilité aiguë et un soin particulier, réussissant à lier les techniques avec une harmonie remarquable. Les techniques de création qu’elle mêle et les sujets qu’elle aborde agissent à la lumière de la perspective neuroatypique qu’elle cherche à définir.

Dans mon propre temps et espace

par MAP · visuels: MAP

Takiwātanga signifie « dans leur propre temps et espace ». C’est la définition moderne du mot autisme en Te Reo Māori, la langue du territoire Aotearoa (Nouvelle-Zélande). Keri Opai est la personne qui a développé le glossaire Te Reo Hāpai (2017), un projet d’enrichissement de la langue Māori dans le domaine de la santé mentale, des handicaps et dépendances, dont Takiwātanga. Opai souligne que cette initiative consistait non seulement à enrichir sa langue, mais à proposer une terminologie qui répond à une perspective Māori du monde. L’objectif majeur était de créer un vocabulaire sans jugement, donc loin des définitions occidentales qu’il considère comme condescendantes. Effectivement, encore aujourd’hui, les définitions dominantes d’« autiste » ne manquent pas de condescendance et de perspectives médicales pathologisantes envers les autistes.

Biennale nationale de sculpture contemporaine: Marche, Démarche, Manoeuvre

par Jean-Michel Quirion · visuels: Annie-Charland Thibodeau, Ursula Johnson, Sheena Hoszko, Karen Tam, Adam Basanta, etc.

Depuis vingt ans déjà, l’organisation de la Biennale nationale de sculpture contemporaine (BNSC) (re)façonne plusieurs lieux de diffusion et de production de la ville de Trois-Rivières et d’ailleurs au Québec par le biais de propositions d’artistes locaux et internationaux. Pour la dixième édition, le comité d’orientation artistique s’est concentré sur la thématique Marche, Démarche, Manoeuvre. Celle-ci résulte des effets de la crise sanitaire sur le milieu culturel et nommément de l’impact de la distanciation et de l’isolation sur les processus de création, période durant laquelle nous devions nous « réinventer ».

Documenta 15, vers la fin de l’oeuvre

par Pierre Arese · visuels: Dan Perjovschi, The Black Archives, Jatiwangi art Factory, Festival sur le Niger, etc.

Depuis bientôt soixante-dix ans, la célèbre documenta s’installe périodiquement à Cassel. Pendant cent jours, de juin à septembre, la ville allemande voit affluer curieuses et curieux et spécialistes venu·e·s découvrir les ultimes évolutions de la création contemporaine. Contrairement aux foires internationales et autres biennales, la documenta aurait la curieuse particularité de cristalliser l’esprit du temps, la sensibilité d’une époque, voire anticiperait par certains aspects les directions qu’emprunterait l’art dans un futur proche. Si tel est le cas, autant l’annoncer d’emblée, l’oeuvre d’art se meurt… mais commençons par le début.

Don Kwan, Landscape, Loss and Legacy

par Lucile Godet · visuels: Don Kwan

En 1882, le Canada vote la Loi d’exclusion des chinois, un règlement imposant aux immigrant·e·s venant de la Chine une taxe de 2 500 $ canadiens à leur entrée au pays. Descendant chinois de troisième génération, l’artiste Don Kwan a présenté, à l’occasion de la biennale de performance PERF (Ré)agiré/(Re)act (2021), la performance Altering the Flow of Exclusion, qui rapporte les éléments traumatiques de l’arrivée de son grand-père au Canada, alors régi par la loi nommée ci-haut.

Réclamer la Terre

par Hannah Hartz · visuels: Thu-Van Tran, Abbas Akhavan

Réunissant 14 artistes aux arrière-plans culturels différents, l’exposition Réclamer la Terre s’affirme comme un appel d’urgence dont les échos résonnent à travers les oeuvres et forment une voix plurielle – celle d’une conscience écologique commune.

Naufus Ramírez-Figueroa

par John Gayer · visuels: Naufus Ramírez-Figueroa

The Naufus Ramírez-Figueroa survey exhibition at Museum Leuven (M Leuven) presented an update of the Guatemalan-Canadian artist’s diverse practice. Curator Eva Wittocx’s selective overview, which was composed of an alluring mix of new and recent sculptures, installations, panel paintings and performance videos, highlighted aspects of Guatemala’s culture, management of natural resources and tumultuous historical events.

Stanley Février, Musée d’art actuel / Département des invisibles (MAADI)

par Aude Sirey du Buc de Ferret · visuels: Stanley Février

Stanley Février, l’un des cinq finalistes du prix Sobey 2022, a investi le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) pour présenter son oeuvre conceptuelle Musée d’art actuel / Département des invisibles (MAADI). En collaboration avec Laura Delfino, muséologue et commissaire invitée, et Iris Amizlev, conservatrice Projets et engagement communautaires du MBAM, l’artiste pluridisciplinaire canado-haïtien produisait la troisième version de cette performance artistique conçue en 2015.

Triennale banlieue!, Interrègnes

par Ariel Rondeau · visuels: Catherine Lescarbeau, Andreas Rutkauskas

Sous le commissariat de Marie Perrault et de Yan Romanesky, la troisième édition de la Triennale banlieue !, Interrègnes, met en présence 19 artistes du Québec, du Canada et de la France. À l’instar des éditions précédentes, c’est une exposition de groupe, à la Salle Alfred-Pellan, qui constitue le noyau de cette itération se penchant, cette fois, sur les relations entre les différents êtres — humains et non humains — qui peuplent les milieux suburbains. Dès l’arrivée sur les lieux, déjà trois installations hors les murs s’offrent au public. Après tout, comment parler de nature et de son rapport avec la banlieue sans en investir ses espaces extérieurs?

Art in the Open

par Ray Cronin · visuels: Gerald Beaulieu

At the tail end of a summer replete with bad environmental news, one where the over-used phrase “once in a century” can no longer describe the floods, droughts, wildfires, heat waves and windstorms that are buffeting the world (it often seems as if “once in a week” would be more accurate), it was somewhat of a relief to visit Canada’s smallest province for Art in the Open, Charlottetown’s annual outdoor art festival, a one-day event in a small, walkable, city.

Shary Boyle, Outside the Palace of Me

par Julia Skelly · visuels: Shary Boyle

Entering a Shary Boyle exhibition, no matter how small, is always a bit like entering a circus with fantastical beasts and monstrous women. Outside the Palace of Me at the Montreal Museum of Fine Arts is deliberately set up to evoke a kind of theatre of the uncanny.

CAR SHOW

par Jayne Wilkinson · visuels: Cameron Lee, Alvin Luong

When I was growing up in Oshawa, Ontario, the city’s slogan was announced proudly on signage along the highway off-ramps: “Oshawa: the city that ‘moto-vates’ Canada.” It was a quirky reminder to visitors and residents that auto production, via the massive General Motors factory complex, was connected to civic pride.The city has long since rebranded—after several decades of layoffs in the thousands and the eventual closure of GM Canada in 2019, the city looked to the tech, health, and education industries to revitalize a flailing economy. Today, its generic slogan is “Prepare to be amazed” but anyone who lived there in the late 20th century knows well the particular kind of car culture related to labour and aspiration.

à corps perdu / sharing madness

par Emmanuelle Choquette · visuels: à corps perdu / sharing madness, Galerie de l'UQAM

Au centre du projet à corps perdu | sharing madness se trouve une réflexion collective et évolutive sur le devenir de la danse dans les espaces d’exposition d’art contemporain. Cette question, bien que fondamentale dans la recherche actuelle en muséologie, a tôt fait de révéler sa perméabilité à des enjeux dépassant largement les contextes muséaux. C’est précisément cette capacité de la danse à faire écho aux grands bouleversements sociaux de notre époque qui est montrée dans cette exposition, à travers le travail d’Amrita Hepi, Hanako Hoshimi-Caines, Ligia Lewis, Lo Fi Dance Theory, Benny Nemer, Andrea Peña et Andros Zins-Browne.

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