Depuis l’art rupestre jusqu’aux photographies animalières d’aujourd’hui, sinon aux documentaires télévisuels ayant pour sujet la vie et l’environnement de plusieurs espèces animales, les êtres humains ont toujours représenté, par divers moyens techniques, le vivant non humain. Certes, selon notre perception du monde, qu’elle soit marquée par des légendes, par la religion ou par tout autre discours qui organise notre compréhension du réel, le désir de mettre en image ces autres espèces, familières ou non, est animé par différentes intentions, passant d’une vision magique du monde à une conception plus scientifique dans lesquelles ces bêtes seront considérées parfois comme sujet doté d’une âme, parfois comme objet sans rien d’autre que le corps et ses ressources potentielles à offrir aux humains.
Point de vue animal
Créer ou non avec les animaux
Réalisme animal : comment les animaux perçoivent le monde
Les études animales ont fait, ces deux dernières décennies, une percée spectaculaire dans les champs esthétiques et artistiques, répondant à un intérêt déjà ancien pour l’animalité, mais qui se révèle en pleine transformation. Et visuellement ? Où se situe l’art ? Dans l’observation consciencieuse ou dans la spéculation ? Comment sortir du régime anthropocentrique, de la logique de l’interspécificité ou de la coévolution ? Car ces processus passionnants qui émaillent la recherche actuelle n’avancent qu’à demi-mot un point de vue animal. Il faut tuer le suspense dès à présent : la tâche est impossible ; mais l’extrapolation de l’une de ces possibilités ouvre déjà des mondes, bouleversant tous les repères épistémologiques actuellement actifs.
Fevered Sleep’s Sheep Pig Goat
Présentation de Sheep Pig Goat, une performance théâtrale produite par la compagnie Fevered Sleep, laquelle explore la relation humain-animal.
L’animal à l’œuvre : comment faire avec les souris ?
Si l’histoire de l’art révèle l’ancienneté des rapports entre l’humain et l’animal, l’un des truismes les plus ancrés affirme qu’il n’y a pas d’art dans le monde non-humain. Quand il s’agit de définir l’art, l’idée qu’il constitue une activité uniquement humaine est souvent à la fois un prérequis ainsi qu’une constante participant d’une définition humaniste et anthropocentrique de l’art. Et si pourtant l’art pouvait s’étendre au non-humain ? Les animaux feraient-ils de l’art ?
Conversing with Ghosts of the Previously Tamed
In this article I argue that representing animal-human relationality in contemporary video art shows how certain artists are addressing recent philosophical perspectives such as object-oriented ontology within a posthuman and post-anthropocentric paradigm. While the philosophies that treat the posthuman, from object-oriented ontology to speculative realism and vital materialism, imply a utopian refusal of hierarchy between human and non-human existence, artists may be hard-pressed to represent the described new order, which, at the moment, does not exist socially or politically.
Les altérités familières : le point de vue animal de Duke et Battersby
Les rôles complexes que les animaux jouent dans les vies humaines, leur façon de nous ressembler, de répondre aux besoins qui nous habitent, d’absorber l’amour que nous leur offrons et, apparemment pour certains d’entre nous, la façon dont ils nous retournent cet amour, participent depuis longtemps à un champ de recherche artistique. Essayer d’adopter un point de vue d’un animal est une perspective intimidante, particulièrement dans un monde où le simple point de vue de nos plus proches compagnons et voisins dépasse souvent notre compréhension.
Other Beings, Julie Andreyev
What constitutes animal, being human and the nature of our interrelationships with other beings are some of the key questions fielded within the discourse of post-humanist and post-anthropocentric thought. Not only are critical theorists, philosophers and scientists exploring these questions but also artists who materialize their ideas through interspecies art. Julie Andreyev, Canadian artist-activist, researcher and educator, explores relational exchange with animals and other beings in her Animal Lover project through the creative process of art making.
Tomás Saraceno : orchestrer les relations interespèces
Au sein d’un écosystème tissé de relations avec d’autres entités animales, végétales, organiques, l’humanité n’a cessé d’accroître sa présence jusqu’à l’émergence du concept d’Anthropocène, nouvelle ère dans laquelle l’humanité, devenue la force géologique prédominante, menace d’entières écologies. Ce néologisme, apparu au tournant des années 2000, sous la plume du prix Nobel de chimie Paul Crutzen, s’est diffusé dans le sillage des penseurs de l’écocritique. Apparentés aux subaltern studies, les études animales, le réalisme spéculatif, l’ontologie orientée sur l’objet ont vu le jour dans la perspective d’une réconciliation des dualismes entre l’humain et l’animal.
Du point de vue animal : un entretien avec Éric Baratay
Dans Le Point de vue animal, il y avait l’aspect méthodologique – quelles sources convoquer, comment faire et croiser –, mais il n’y avait pas cette facette de la restitution de l’aspect personnel d’un animal. S’est ensuite posée la question de l’écriture pour justement faire passer cette dimension individuelle. Comment prendre le point de vue animal d’un individu ? Ce n’est pas la même chose finalement que dans Le point de vue animal ou dans Les bêtes des tranchées (Éd. CNRS, 2013), car il s’agissait de groupes.
Des humains, des insectes et le monde en partage
Le fabuliste La Fontaine utilisait des insectes personnifiés pour raconter le règne de Louis XIV, lui-même représenté par le lion à la tête du règne animal. Une manière habile d’éviter la censure et de moraliser sur les turpitudes de la société du temps. Mouche, cigale, fourmi sont des narrateurs imparables pour appréhender la société humaine. Ils le sont toujours depuis notre entrée dans l’Anthropocène, nous informant sur notre monde global et capitaliste. Qu’est-ce que les insectes nous racontent de ce monde ?
Orange 2018 : conjuguer la traçabilité
La 6e édition d’Orange, triennale d’art contemporain associée à l’agroalimentaire, a pour thème la notion de traçabilité. Dans le domaine agroalimentaire, cette notion s’est imposée principalement à la suite de la « crise de la vache folle » qui, pendant les années 1990, a terrassé l’industrie bovine en Europe et en Amérique du Nord. Depuis, l’identification de la provenance d’un aliment est devenue une exigence imposée par les gouvernements et les agences de protection de la santé publique. Intitulée Conjuguer la traçabilité, cette édition misait bien sûr sur ces enjeux d’ordre éthico-politique, mais les deux commissaires, les jumelles Isabelle et Marie-Ève Charron, respectivement agroéconomiste et historienne de l’art, souhaitaient aussi favoriser d’autres avenues permettant de jumeler la notion de traçabilité à celle relevant de la création comme lieu de rencontre et de collaboration.
Rafael Lozano-Hemmer: He Blinded Me with Science
In selecting a work for the rotunda at the Musée d’art contemporain de Montréal (MACM), a curator must feel a little like a city manager choosing a suitable public square for the annual titanic Christmas tree. Indeed, the rotunda piece in Montreal artist Rafael Lozano-Hemmer’s solo exhibition is something in this vein—a sort of upside-down Christmas tree of incandescent bulbs suspended from the ceiling: pulsating, twinkling. Titled Pulse Spiral, the installation scans the visitor’s pulse, whereupon the bulbs take up its rhythm—first one bulb, then several, then all together. The pulse is then layered with the pulses of earlier visitors, and the array’s oscillations grow more intricate.
Des sens et du sens : aux limites des matérialités
Une exposition qui renouvelle notre perception de la « matérialité », permettant une réflexion sur ses limites, c’est ce que propose la Biennale nationale de sculpture contemporaine de Trois-Rivières par sa 8e édition. L’événement nous mène bien au-delà d’une simple trajectoire des sens comme le suggère l’intitulé. En effet, plusieurs réalisations constituées de sons et d’odeurs créent une nouvelle matérialité et nous forcent à repenser les éléments construits. D’autres projets transforment la matérialité par les effets de la science et des technologies.
Chris Kline and Yam Lau: Weave
Group shows usually do not aim to produce something new in the architectural installation. Preparing the right condition for the works’ reception is difficult enough and so installations aim at being simple and pragmatic, distinguishing the works in discrete Euclidean space. Relations among works are subsequently organized and discussed thematically, primarily by way of written texts. This is generally the standard installation practice.
L’idée du territoire : faire œuvre par l’exposition
À l’occasion du 20e anniversaire du Centre d’exposition de l’Université de Montréal, ses riches collections sont réinvesties à des fins d’œuvre par Geneviève Chevalier, artiste et commissaire indépendante. L’idée du territoire : une exploration des collections est l’aboutissement d’une réflexion artistique sur la représentation mentale du Québec et du Canada, prenant source dans l’idée du Nord. Le froid, les communautés autochtones, la faune et la flore sont autant d’éléments identitaires, autrefois envisagés comme éternels et aujourd’hui menacés, que revisite Geneviève Chevalier.
Meryl McMaster : Ancestral/Second-Self
Après un passage remarqué, à l’automne 2017, au Musée des Beaux-arts de Montréal, dans le cadre de MOMENTA, Biennale de l’image, Meryl McMaster expose pour la première fois à la Galerie Pierre-François Ouellette une dizaine d’œuvres réalisées au tout début de sa carrière. Les séries Ancestral (2008) et Second-Self (2010) sont les prémisses d’une démarche artistique qui s’oriente actuellement vers des mises en scène narratives jouant avec le surréalisme et une occupation polysensorielle de l’espace.
STATUER. Les figures du socle : partie III
La série d’expositions STATUER. Les figures du socle, commissariée par Emmanuel Galland et présentée à Action Art Actuel, à Saint-Jean- sur-Richelieu, et à la Galerie B-312 de Montréal, en 2017, remettait successivement en question les thèmes du monument, puis de la réappropriation et de la reconstitution. Dans cette troisième itération à la Galerie d’art Stewart Hall de Pointe-Claire, le socle est thématisé autrement et mobilisé différemment. Par des mises en tension dialectique entre l’œuvre et le socle, la Partie III interroge l’« œuvre-socle » ou le « socle-œuvre ».
Banu Cennetoğlu: One day soon I’m gonna tell the moon about the crying game
Banu Cennetoğlu first came across “The List” in 2002. At the time, it indexed the names of about 6,000 migrants and refugees who have lost their lives trying to reach Europe since 1993. Then a photography student at Rijksakademie in Amsterdam, Cennetoğlu became obsessed with the classification, appropriation and distribution of the database. She was fascinated by the ways in which this archive testifies to the disregarded tragedies occurring within and on the verge of Europe’s borders.
Activer la carrière de Jana Sterbak
L’annonce d’une exposition d’envergure de l’artiste canadienne d’origine tchèque, Jana Sterbak, au MA (Musée d’art) de Rouyn-Noranda, en aura surpris plus d’un. Était-ce parce que cette exposition venait mettre en lumière la nécessité et surtout l’absence au Québec d’un tel événement venant souligner la pratique exemplaire de cette artiste ? Sinon, en raison du lieu où elle allait être présentée alors que son parcours des vingt dernières années affiche une présence majoritaire en sol européen ?
Serpentine Path
Terminal Creek Contemporary is a new art gallery located on Bowen Island, a short ferry ride from Vancouver. Now a bedroom community in the West Coast’s hyperbolic real estate market, ‘Bowen’ (as the bohemian-bourgeois denizens call it) has a storied past. In the early 20th century, company picnics took place on its shores, with boats carrying hundreds of bank or office employees who disembarked every weekend all summer-long. A well-known photograph called “A Serpentine Path,” by an anonymous photographer working for the Union Steamship Company, shows a monstrous tree stump in the local rainforest.
Banlieue ! Là où se prépare le futur
À l’heure où le statut des banlieues tend à s’émanciper du modèle de la ville-dortoir, Banlieue !, dont la première édition, en 2015, a donné naissance à une triennale lavalloise en art actuel, s’est déployée, cette année, sous le commissariat de Julie Alary Lavallé, Jasmine Colizza et Nicole Thibault. Regroupant les œuvres de dix-sept artistes canadiens, l’exposition aborde le phénomène de transformation des villes périphériques dans toute sa complexité.
La conduite des conduites : Michel de Broin
Le conduit autorise un passage : canal par lequel s’écoule un flux X. La conduite constitue l’ensemble du réseau qui, tuyau après tuyau, bout à bout, fait cheminer ledit fluide d’un point A vers un point B vers un point X, Y ou Z. Un complexe système de circulation a cours sous l’apparente simplicité des choses, par lequel nous transitons sans même nous en rendre compte, distraits que nous sommes par l’agitation et les lumières de la surface. (N. B.)
Soulèvements : images-vie
« Vraiment, je vis en de sombres temps! », s’exclamait Bertolt Brecht dans le poème À ceux qui viendront après nous, écrit lors de son exil en 1939. Loin d’appartenir à un passé révolu, les sombres temps s’accrochent à notre présent avec insistance. Or, de tout temps et en tous lieux, il a non moins existé des forces susceptibles de nous soulever lorsque la vie, prise dans son sens le plus large, est menacée. Comment ces forces, psychiques, corporelles, sociales, nous apparaissent-elles ?
De la main à l’intelligence artificielle : Migrations de Mat Chivers
Sous le commissariat de Jean-François Bélisle et Anne-Marie St-Jean-Aubre, le Musée d’art de Joliette présentait récemment une exposition d’envergure intitulée Migrations de l’artiste multidisciplinaire britannique Mat Chivers. Avec un corpus de sculptures, dessins et vidéo, l’artiste rend visibles des relations entre le corps, la conscience et la technologie. Il interroge les inventions de l’humanité et les migrations du corps, du vivant et de la planète qu’elles entraînent.
Lee Bul: Crash
A 17-meter-long silver zeppelin floats over the archaeological exhibition presented on the museum’s ground floor. This is a foretelling outset for the visitor to the Gropius Bau, when entering Lee Bul’s retrospective exhibition, a creative universe that looks at the history of Korea through the lens of imagined futures and revolutionary utopias. After a critically-acclaimed presentation at the Hayward Gallery in London over the summer, Lee Bul: Crash arrives at the Gropius Bau in Berlin as Stephanie Rosenthal’s first show as the German institution’s director.