Les recherches sur les images du Néolithique connaissent aujourd’hui en France un développement mérité. Ces manifestations sont diverses : gravures ou peintures en grotte ou en plein air, piliers de mégalithes ou parois d’hypogées ornés, figurines, stèles anthropomorphes, décors sur récipients. Leur registre est donc particulièrement ouvert en raison de la variété des supports et des motifs figurés. Aussi s’agit-il de domaines de recherche peu ou prou différents en dépit d’une tendance à regrouper ces créations dans le domaine « artistique », qualificatif qui renvoie à des notions modernes que ne partageaient pas forcément leurs auteurs. C’est pourquoi parler d’iconographie semble plus sage.
L’Art Néolithique
L’iconographie néolithique en pleine renaissance
Signes gravés et sculptés des mégalithes bretons
Situé aux confins occidentaux du continent, ultime refuge des derniers chasseurs mésolithiques de l’Ouest et spectaculaire limite de la terre connue par les premiers agriculteurs (au-delà : l’Océan infranchissable), le Massif armoricain possédait toutes les qualités pour accueillir certains des phénomènes sociaux, architecturaux, commerciaux et iconographiques les plus extraordinaires de la Préhistoire récente. Cette région, qui a constitué aux Ve et IVe millénaires avant notre ère l’un des principaux pôles culturels et politiques d’Europe, recèle une imagerie néolithique stupéfiante.
Mont Bego
La recherche aujourd’hui et demain
L’exceptionnelle figurine anthropomorphe de Port Marianne à Montpellier
Le site de Port Marianne, à Montpellier (Hérault), a fait l’objet de fouilles d’archéologie préventive en 2021 et 2022 par la société ACTER. Ces opérations ont permis de documenter des occupations du Néolithique moyen chasséen. La fouille d’un puits associé à une cave, auxquels on accédait par des marches creusées, a conduit à la découverte des fragments d’une figurine anthropomorphe. L’objet est issu du niveau supérieur du puits, daté par le radiocarbone entre 3900 et 3700 avant notre ère.
Les expressions artistiques des hypogées de la Marne
L’art des hypogées de la Marne, daté du Néolithique récent (3500-2900 avant notre ère), a été révélé à partir de 1872 grâce aux travaux pionniers du baron Joseph de Baye. Concentrées sur quatre communes, les représentations sur parois de craie se rangent en deux catégories : les tracés peints au charbon de bois et les sculptures, mais les figurations de ces tombes collectives en grottes artificielles du Nord-Est de la France se distinguent surtout par l’importante proportion de haches.
Les traditions figuratives sur poterie décorée
Les céramiques néolithiques à décor figuratif sont relativement bien connues en péninsule Ibérique, péninsule italique ou dans le bassin danubien. C’est moins le cas sur le territoire français, où ce genre d’objet fait exception. Par ailleurs, ces représentations – anthropomorphes pour la plupart – sont souvent schématiques, voire allusives, si bien que leur caractère figuratif ne fait pas toujours consensus. Quelques cas issus de périodes et de contextes géographiques variés mettent en lumière cette discrète pratique.
Quel genre pour les statues-menhirs et stèles d’Occitanie ?
La statuaire néolithique d’Occitanie se divise en deux groupes : à l’ouest, les statues-menhirs du Rouergue et du haut Languedoc, à l’est, les stèles anthropomorphes du bas Languedoc. Toutes sont attribuées au Néolithique final (IVe-IIIe millénaires avant notre ère). Ces monolithes décorés sont désormais interrogés sous le prisme de l’archéologie du genre.
Stèles anthropomorphes de Provence
Dans le Sud-Est de la France, de petits monolithes décorés représentent des visages schématiques aux chevelures abondantes ou dotés de coiffes complexes. Connues depuis un siècle et demi, ces stèles funéraires sont désormais attribuées au début du IVe millénaire avant notre ère et comptent parmi les plus anciennes images humaines du Néolithique de Méditerranée occidentale.