Et si on changeait vraiment maintenant ?

Dans la vie comme dans la sphère techno-culturelle, il y a les gagnants et les perdants. Avant de voir ce que l'actualité nous réserve comme (bonnes ou mauvaises) surprises dans les prochains mois, un petit bilan passé / présent s'impose.

Que serait un Jacques qui ne serait pas Audiard ? Que dire d'un David peu intéressé par la question de l'homme-mouche ? Et d'un Michaël, ni Autrichien, ni sinistre ? Les uns montent les marches et se démolissent au champagne : tous les autres se font un prénom dans "La Liste".

La gauche au pouvoir, il fallait s'y attendre : on applaudit des quatre mains le grand retour de "Wesh !". Pour tout savoir sur le buzz-movie qui va tout déchirer, sans changement mais quand même tout de suite maintenant.

Le centre d'Athènes brûle, les émeutiers encerclent le parlement depuis des mois. Des hommes s'immolent par le feu et Dimitri Christoulas, un retraité de 77 ans vient de se tirer une balle dans la tête, place Syntagma. Plus au nord, en Macédoine, la seconde ville de pays, Thessalonique, aussi appelée Salonique, semble encore éloignée du sombre printemps qui s'abat sur la capitale hellène et un vent d'espoir souffle depuis les vignobles de Kir-Yanni et les hackerspaces de Kalamaria. Salonique est-elle une île d'espoir au cœur de la Grèce ?

Dossier "et si on changeait vraiment, mainteannt ?" On l'a observé dans les programmes politiques des candidats à la présidentielle : la plupart d'entre eux se demandaient s'il fallait oui ou non inculquer le code de la route à l'école ; ou bien s'il fallait oui ou non prévoir un étiquetage automatique sur les viandes halal. Les débats ont fait rage comme si l'avenir de l'humanité en dépendait. Autrement dit, comme s'il s'agissait d'en découdre avec des thématiques aussi déterminantes que, par exemple, le réchauffement climatique, le problème démographique ou nucléaire, la sauvegarde de notre mémoire et de nos cultures, la nécessité d'une gouvernance mondiale et de l'instauration d'une post-démocratie...

Dossier "et si on changeait vraiment, maintenant ?" Bienvenue en l'an 02012. L'apocalypse n'aura finalement pas lieu, alors voyons ce qui pourrait se tramer en l'an 10000. C'est tout le propos des prospectivistes (américains) de la Long Now Foundation qui, contre la tyrannie du court terme, entendent parler aux générations futures pour ralentir le temps et envisager le temps long... "Houston, we have a problem : we're still alive !"

Dossier "et si on changeait vraiment, maintenant ?" A l'occasion de la publication par Tristram de "L'Horloge du Long Maintenant", nous avons rencontré cet américain un peu fou, californien pur jus, qui pense que tout peut (encore) s'améliorer sur le long terme : Stewart Brand. Entre vertu de patience et pensée science-fictive, il nous a invités à nous inscrire en l'an 02012, étape purement anecdotique au cœur de nos vingt mille années civilisationnelles... Réglez vos montres. + La condition de l'homme moderne (Hartmut Rosa) + Et si la France avait toujours existé ? (Fernand Braudel)

Dossier "et si on changeait vraiment, maintenant ?" Le présent est flippant. Parce que rien ne va plus en 02012, époque folle et anxiogène de la complexité et de l'imprévisible, l'humanité privilégie coûte que coûte le court-terme plutôt qu'une vision longue. Rémi Soussan, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies et auteur des "Utopies post-humaines" (Omniscience), ramène sa belle science pour "Chronic'art" à propos de quelques chantiers phares du long terme rarement ou jamais évoqués dans les programmes politiques.

Dossier "et si on changeait vraiment, maintenant ?" David Guez, artiste français du réseau, travaille sur le temps et la mémoire à travers des projets expérimentaux présentés sous la forme de sites Web, d'objets, d'installations ou de performances. Avec "2067", sa dernière oeuvre, il propose d'envoyer des messages (par mail ou par téléphone) dans le futur. Sa manière à lui de privilégier le temps long. On lui a demandé de nous commenter son travail.

Pour cause d'idéologie culturelle persistante, la musique traditionnelle française est reléguée au rang d'hérésie dans les médias et les institutions depuis qu'ils existent. Revisitée par les musiciens du collectif La Nòvia, elle est pourtant vibrante et passionnante. On brise le tabou.

Dans la courte vie de Bruce Chatwin, le voyageur a souvent éclipsé l'écrivain. A tort : l'édition de sa correspondance éclaire d'un jour nouveau une personnalité complexe et contradictoire, mélange étonnant d'intuition et d'égocentrisme mondain.

Employé à tort et à travers, le terme "événement" est largement galvaudé. Rien de tel dans l'hommage récemment rendu au Forum des Images au maître de l'animation de marionnettes Kihachirô Kawamoto, en présence de Youri Norstein. Quand un auteur de génie célèbre l'un de ses pairs, l'événement prend des allures d'apothéose.

Auto-libellé afro noise, Cut Hands est le dernier projet en date de William Bennett, figure de proue du groupe Whitehouse et pionnier du power electronics, un courant musical extrémiste né dans le chaudron industriel des années 1980. Il lui aura fallu huit ans pour mettre en forme ce croisement entre électronique abrasive et percussions endiablées qui donne un nouveau souffle à sa carrière. Portrait d'un homme remarquable, féru d'hypnose, de vaudou et de sciences cognitives.

Il y a quelques années, Vincent Sardon était auteur de bandes dessinées et dessinateur de presse pour "Le Monde" et "Libération". Il change de pratique en 2008 et se donne un nom singulier, celui de tampographe. Cette nouvelle activité trouve un prolongement avec le livre "Le Tampographe Sardon", catalogue riche de propositions tampographiques et d'humour noir éloquent.

En l'espace de vingt ans, le musicien électronique Kink Gong a constitué une sidérante collection de musiques ethniques, glanées aux quatre coins du monde. Depuis qu'il s'est installé en Chine en 2006, son catalogue s'est enrichi d'une multitude d'enregistrements. Rencontre avec un explorateur sonore sans ornières ni frontières, qui préserve mine de rien l'un des derniers trésors immatériels de l'humanité.