La France qui bugue

Chaque année entre le 25 août et la fin octobre, c'est le même cirque, les mêmes piles absurdes sur le bureau : en dépit du cancer qui la ronge et des incendies qui ravagent ses stocks, l'industrie musicale trépigne très fort pour qu'on ne l'oublie pas. Notre beau pays ayant achevé la transmutation de la pop en redondance terminale, la rentrée musicale ne fera certes jamais un événement à la hauteur de sa très tapageuse ainée littéraire. Mais ne serait-ce que pour écluser un peu les conduits, l'équipe musique de "Chro" a décidé de vous donner en sus de sa sempiternelle sélection de coeur (à trouver ailleurs dans les pages de ce magazine) un petit aperçu des tendances de fond qui agitent la pop entre les flammes, à peine expurgé des "it"-trucs inutiles (Björk, Feist, Soko, l'album de remixes de Radiohead) qui orneront, c'est déjà monnayé, les couvs de tous les (autres) magazines. Shoot or die.

Tout n'est pas perdu pour la Grèce : deux ans après l'étonnant "Canine", "Attenberg" confirme, avec une élégance folle et quelques danses idiotes, que le jeune cinéma grec ne connaît pas la crise. C'est, tout bonnement, le meilleur film de la rentrée.

A chaque rentrée son "grand romancier américain" : Bret Easton Ellis l'an dernier, Jonathan Franzen cette année. Pas rien : "Freedom" succède aux "Corrections", caracole déjà en tête des ventes et séduit toute la critique. Gloire méritée ou luxueuse arnaque ? Examen des raisons du succès.

Produit de la pop culture, le jeu vidéo est à la fois sa plus grande réussite et son plus grand échec. Ce qui nous bouleverse mais ne met jamais en danger un monde qui a disparu. La plus grande expérience poétique inventée est avant tout une révolution intérieure. Le moment où le "nous" cède sur la toute puissance d'un nouveau "je". + PhiloStation : Peut-on réellement penser le jeu vidéo ? La preuve que oui, via deux saines lectures... + Les nouveaux mondes : Pour bien comprendre et vivre complètement la toute puissance du "Je" vidéo, cinq titres immanquables...

"Faire table rase le matin et achever le morceau à la fin de la journée" : c'est en ces termes que se définit le duo de producteurs suédois Roll The Dice, pourvoyeurs d'exercices de synthèse d'une rare consistance entre Tangerine Dream, Steve Reich. Vous avez déjà lu ça ? Oui mais leur nouveau "In Dust" est vraiment, vraiment super.

Ayn Rand, pasionaria du capitalisme injustement méconnue en France, est l'auteur de deux des plus gros best-sellers de tous les temps ("The Fountainhead" et "Atlas Shrugged"). Une biographie et la traduction (enfin) d'Atlas rendent justice à cette personnalité hors du commun, genre Madame Figaro avec des couilles.

Revenu de la noirceur synthétique de Bronson et du vide viking de "Valhalla Rising", Nicolas Winding Refn poursuit ses fantaisies de jeune mâle autiste sur le terrain de la série B motorisée, et livre avec "Drive" son meilleur film. Son secret ? La quête d'une fragilité cachée sous la surcharge énergétique.

Nombre de cinéphiles le pressentent : un jour, il leur faut en finir avec le cinéma. Quelle passion saurait durer éternellement ? Alors lorsque l'un d'eux déclare que le temps de la rupture est venu, ses pairs se recueillent et l'écoutent religieusement. Ecoutons donc Blutch, maître en bande dessinée et amoureux fou du cinématographe.

"Amy", c'est l'histoire apparemment prémâchée d'une petite fille autiste perdue au milieu d'un virus et de zombies croqueurs d'humains. Mais c'est surtout l'histoire d'une des légendes du jeu vidéo français qui revient presque par la grande porte. En s'attaquant au genre survival horror, le créateur discret de "Flashback" et "Moto Racer" semble avoir quelque chose à dire...

Pendant que les bourses mondiales font du yoyo, 654 romans paraissent en cette rentrée 2011. En guise de panorama, Chronic'art ouvre les cotations et prends le pouls du marché. Qui monte, qui baisse, qui dégringole ? Qui sont les nouvelles valeurs, y a-t-il des actions toxiques ? Critiques à suivre dans ces pages ou sur chronicart.com, comme toujours.

Laura Marling et Shara Worden sont deux chanteuses néo-folk. La première londonienne, biberonnée à James Taylor et Joni Mitchell, la deuxième originaire du Michigan, membre de la confrérie Asthmatic Kitty. Toutes deux sortant un troisième album, précisant et affinant leur songwriting. Tentative de rapprochement transatlantique.

Dessinateur ("Dessins paniques"), écrivain ("Le Locataire chimérique"), cinéaste ("La Planète sauvage"), homme de télévision ("Téléchat") et acteur ("Nosferatu", de Werner Herzog), Roland Topor a pu passer d'une technique artistique à une autre aussi aisément qu'on passe d'un jour à un autre, pour faire tomber la nuit de l'humour noir sur la planète Terre. A l'occasion de la publication en cette rentrée de trois de ses ouvrages phares, Pacôme Thiellement rend hommage pour "Chronic'art" à ce génie de la drôlerie sauvage. + Mémoires d'une vache noire : En guise de cadeau de rentrée, "Chronic'art" vous offre deux fois Topor : un extrait des "Mémoires d'un vieux con", connus mais oubliés, et un "Journal intime" tiré de "Vaches noires", recueil de trente-trois nouvelles inédites rédigées jusqu'en 1996, tous les deux chez Wombat.