Michéa, pour ne finir avec la gauche

Etat palestinien, Etat juif, Etat providence

par Gil Mihaely

Rassurez-vous : si le « Printemps arabe » a éclipsé pendant quelques mois le dossier israélo-palestinien, le privant de son statut de source de tous les maux et de père de tous les conflits, tout est rentré dans l’ordre à la fin de l’été. Lors de l’ouverture solennelle de la 66e session de l’Assemblée générale des Nations unies, ni la victoire du CNT libyen sur Kadhafi, ni la révolte du peuple syrien, pas plus que les nouvelles Égypte et Tunisie n’ont réussi à voler la vedette à la Palestine. La Terre tourne de nouveau autour de Nétanyahou, d’Abbas, du Likoud, du Fatah et du Hamas − pour ne pas dire autour des Juifs et des Arabes.

Sarkozy Akbar!

par Paulina Dalmayer

Après trois semaines à Tripoli, cela nous paraît toujours aussi extraordinaire. Chaque soir, nous sortons de l’hôtel dès les premiers coups de klaxon, sur le coup de 19 heures. Le réceptionniste, garçon jovial et joufflu, nous salue avec entrain d’un large « Hello ! » de sa main droite parée d’un bandana aux couleurs du nouveau drapeau libyen.

Libéral, ne vous déplaise!

par Georges Kaplan

Dans un article intitulé « Peter Thiel, un Ravachol ultralibéral », Jérôme Leroy évoque le projet un peu fou du patron de Paypal qui souhaite créer une petite société sans État sur une île artificielle, au large de San Francisco ; et il en profite pour nous parler de ce fameux mouvement «libertarien» américain. Quand Jérôme me lance une balle, je la saisis au bond. Un petit retour en arrière s’impose. Le libéralisme, le vrai, est une idée née en Europe au siècle des Lumières. Il plongeait ses racines bien plus profondément dans l’histoire de la pensée − Aristote, Lao Tseu, les scolastiques de l’École de Salamanque… − mais c’est au cours du XVIIe siècle qu’il est devenu, en réaction à l’absolutisme royal, un système de pensée cohérent et formalisé.

La gauche, cette inconnue

par Elisabeth Levy · visuels: Hannah Assouline

Comment peut-on être de droite ? Comme tous les enfants de ma génération, j’ai étudié les Lettres persanes au collège. Sans doute n’avais-je pas tout compris, car c’est seulement à l’âge adulte que j’ai cessé de tenir pour une bizarrerie incompréhensible et une faute morale le fait de ne pas être « de gauche ». J’ai plutôt honte, rétrospectivement, de cette niaiserie adolescente, mais au moins prouve-t-elle que la maturité n’est pas une malédiction qu’il faudrait combattre avec la dernière énergie mais la source de nombreux plaisirs, notamment intellectuels.

Entretien avec Jean-Claude Michéa

par Daoud Boughezala, Jacques de Guillebon, Élisabeth Lévy, Bruno Maillé · visuels: Hannah Assouline

Vous récusez l’universalisme abstrait de la gauche libérale : votre socialisme, ou votre anarcho-syndicalisme, fait-il abstraction des patries, ou les considère-t-il comme un des moyens de l’exercice de la common decency ?

Michéa et les bons esprits

par Olivier François

Depuis quelques années, de bons esprits s’emploient à démontrer les inconséquences(ou les dangereuses conséquences) du progressisme, à en démonter les mystifications et à dénoncer cette forme nouvelle d’inquisition dont les dogmes sont l’antiracisme, la haine des limites, le mépris du peuple et l’éloge obligatoire du déracinement.

La guerre des gauches n’aura pas lieu

par Daoud Boughezala

Du Front de gauche aux groupuscules nationaux-républicains, la plupart des militants de gauche n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer l’idéologie «libérale-libertaire» des «sociaux-traîtres» vendus au marché. «Gauche américaine», profèrent-ils en guise d’anathème, oubliant ou ignorant que les États-Unis sont aussi la patrie d’un socialisme populiste que l’on retrouve chez certains dissidents de la «New Left» comme Paul Piccone et Christopher Lasch.

De Thorez à Hessel

par Luc Rosenzweig

Rome, est entré en politique en adhérant aux Jeunesses communistes italiennes à la fin des années 1960. Artisan majeur de la transformation du PCI en «Parti démocrate de gauche» puis en «Parti démocrate» tout court, il tire le rideau sur ses années communistes avec cette formule : «Il ne suffit pas de dire que nous avons eu tort. Encore faut-il admettre qu’à l’époque, nos adversaires avaient raison !»

Utopie en Picardie

par Jérôme Leroy

Guise, en Picardie, fut le cadre d’une utopie concrète et durable. Son inventeur fut Jean-Baptiste André Godin, fils d’un artisan-serrurier et disciple de Fourier. Mais malgré d’incontestables succès, le Familistère révèle aussi les faiblesses du socialisme utopique par rapport au socialisme scientifique. Marx et Engels remarquaient déjà, dans le Manifeste : «Les systèmes socialistes et communistes proprement dits, les systèmes de Saint-Simon, de Fourier, d’Owen, etc. font leur apparition dans la première période de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie [...] Les inventeurs de ces systèmes se rendent bien compte de l’antagonisme des classes, ainsi que de l’action d’éléments dissolvants dans la société dominante elle-même. Mais ils n’aperçoivent du côté du prolétariat aucune initiative historique, aucun mouvement politique qui lui soit propre.»

Moins d’Etat, plus de providence

par Jan Laarman

«Big Society» : peu de Français ont entendu parler du concept que le Premier ministre britannique, David Cameron, a placé au coeur son programme électoral. «Créer un climat qui permette aux communautés locales de créer une grande société qui ôtera le pouvoir aux politiciens et le rendra aux gens» : on comprend que même le Labour ait été complètement déboussolé par cette profession de foi.

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