Volubile et attendrissante, Monique Pinçon-Charlot, 67 ans, forme avec son mari, Michel, un duo de sociologues décapants. Leurs livres dressent un rare tableau des familles les plus fortunées de France, à l’heure où les radars scannent plus volontiers la misère et la précarité. Conversation riche de sens et de confidences dans leur pavillon de banlieue. Tirer le portrait de Monique Pinçon-Charlot, la belle affaire ! Il est de ces fusions sur lesquelles la presse se casse invariablement les dents : Plonk & Replonk, Pierre et Gilles, les Blues Brothers et… les Pinçon-Charlot, sérénissime couple de sociologues bouffeurs de riches. Il allait donc falloir déjouer deux pièges pour assaillir Monique : d’abord, contourner sa moitié, qu’elle appelle amoureusement « mon Michel » ou « Michelou » ; ensuite, opposer un entretien pas trop truffe à cette artiste de l’interrogatif… Cela commence un après-midi ensoleillé de fin novembre à la gare RER de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine). Un Kangoo rouge ronronne sur le parvis.
L’empathie: nos liens inconscients
Tribulations en grande bourgeoisie: Monique Pinçon-Charlot
La gloire de ma mère (célibataire)
En France, près de trois millions d’enfants vivent avec leur mère dans un foyer monoparental. Être maman solo, c’est une tannée. Elles vivent une course contre la montre, rongées par la culpabilité et le devoir de bien faire. À l’impossible elles sont tenues, et elles s’y tiennent.
Un autre Richmond est possible
Parce qu’elle est réaliste, Gayle McLaughlin, la maire écolo et radicale de Richmond, demande l’impossible. Dans ce coin de Californie gangrené par la crise et la pollution du géant pétrolier Chevron, l’élue multiplie les assauts contre les saigneurs de sa ville. Sous son impulsion, les oubliés de l’Amérique relèvent la tête. Chapeau !
Sous la layette, la rage
Face à la dégradation de leurs conditions de travail, les sages-femmes réclament l’obtention d’un nouveau statut. En grève depuis le 16 octobre, elles se heurtent à la mâle résistance d’une partie du corps médical, soucieuse de ne pas renoncer à ses prérogatives. Et encline à mépriser une profession de “bonnes femmes”.
Un dîner parfaitement raté
Maman ne plaisantait pas avec l’art culinaire. À l’entame de chaque repas, elle paraphrasait l’illustre Brillat-Savarin et se fendait, en hommage à ce gastronome du xixe siècle, d’un sentencieux : « Partout ailleurs, on se nourrit ; en France seulement, on sait manger. » C’était son bénédicité laïque à elle. Pour les repas de fête, c’est sûr, elle allait encore sortir le grand jeu, et marteler à l’envi que « la cuisine est le propre de l’homme » ! Sauf que cette année, au pays des tatillons du palais, des chevaux se sont invités dans les lasagnes au boeuf, et des matières fécales ont été soupçonnées d’agrémenter des tartes au chocolat. Pour ne pas finir les réveillons le foie en vrac et la panse à l’envers, “Causette” a mené l’enquête auprès des traqueurs d’arnaques alimentaires * et vous en livre les fruits déconfits.
Empathie : au bonheur des autres !
Vous savez quoi ? Moi, elle me plaît bien, cette petite Empathie. Une belle personne, grâce à laquelle le monde pourrait assurément se débarrasser de ses bas-fonds. C’est une jeunette dont le nom n’apparaît qu’au début du xxe siècle et qui pourtant est considérée comme « au coeur du jeu social » d’aujourd’hui, selon le psychiatre Serge Tisseron. Pour l’essayiste Jeremy Rifkin, elle représenterait même la condition de la survie de l’humanité. Rien que ça ! Mais au fond, c’est très logique : être capable de sortir de soi pour regarder le monde avec les yeux de l’autre permet de grandir dans la diversité. Cette fée se penche sur les berceaux des mammifères (eh oui, les animaux aiment la fréquenter), mais peut ensuite disparaître selon notre chemin de vie. Et une personne dénuée d’empathie est un individu à pensée réduite, qui peut parfois même se révéler dangereux. Mais la bonne nouvelle, c’est que Mlle Empathie n’est pas rancunière : vous pourrez, tout au long de votre vie, la séduire à nouveau. Il vous faudra sans doute réapprendre « les autres ». Sachez que l’art en général et la littérature en particulier constitueront vos meilleurs atouts, car ils vous feront partager la vie intérieure d’une foultitude de personnages. Et ça, ça vous ouvre un sacré champ des possibles. C’est d’ailleurs parce qu’on ne trouvait pas les mots pour exprimer l’émotion ressentie devant un tableau ou un texte que la belle Empathie est apparue. Rassurant, non ?
Une femme, un refrain
Vanina, rappelle-toi Inspiratrice d’un des plus grands tubes de Dave, Vanina Michel est aussi, et surtout, une artiste atypique. Retour sur quarante ans d’une carrière up and down, mais sans temps mort. Se souvenir d'Ipanema En 1962, “Garota de Ipanema” sortait dans les bacs brésiliens avant d’aimanter New York l’année suivante dans sa version anglaise, “The Girl from Ipanema”. Cinquante ans après, “Causette” a retrouvé l’inspiratrice de ce titre mythique. Tête-à-tête avec Heloisa Pinheiro, une muse plus bourgeoise que bohème.
Spare Ribs: Histoire d’un magazine plus féministe du cerveau que du capiton
Monté en 1972 par une bande de filles survoltées et inventives, “Spare Rib” rompait avec le ton gnangnan des titres féminins. Son ambition : combattre les sexismes de tous genres, bousculer les mentalités. Pour “Causette”, ses fondatrices reviennent sur cette belle histoire de presse.
À la lisière
C’est dans les faubourgs de Moscou qu’Alexander Gronsky nous invite à la lisière du réel et de l’abstraction, à la frontière entre le vivant et l’immobile. Dans cette série blanche, « The Edge », les repères s’estompent, et le temps semble suspendu. Avec humour et délicatesse, le photographe estonien nous emmène à la rencontre de ces vies isolées et silencieuses qui résonnent dans cette immensité vide. Il nous promène dans des lieux qui échappent à toute dénomination, des espaces qui hésitent entre ville et campagne. Ces endroits qui pourraient n’être rien appellent à la méditation. Ils inspirent, ils apaisent. Et c’est éblouissant.
Léa : “Je suis devenue la reine de la simulation ”
Parce que la femme, la maman et la putain ne sont pas toujours celles que vous croyez, et surtout parce qu’elles sont souvent une seule et même personne, Causette s’est plongée dans la vraie vie. Comment vivons-nous notre vie sexuelle ? Loin des sondages, des injonctions, des idées farfelues, la vie de la ménagère est-elle aussi normée qu’on le croit ? À voir…
Hors circuit, hors système : Anouk Grinberg
La comédienne, qui se fait rare, reprend le monologue de Molly Bloom, le fameux épilogue d’“Ulysse” de James Joyce, au Théâtre des Bouffes du Nord. Peut-être l’un des rôles les plus difficiles de sa carrière.
Au Caire, danser envers et contre tous
En janvier 2012, un an après la révolution, la première école de danse contemporaine d’Égypte ouvre ses portes. Dans un pays en plein bouleversement, où la danse est à la fois omniprésente et méprisée, une vingtaine de jeunes ont choisi ce nouveau mode d’expression pour dire leur colère.