Quand les normes s’emmêlent

Frondeuse, tempétueuse, Samia Ghali électrise Marseille. Enfant des quartiers nord, elle en est devenue l’élue aimante et bruyante. Au risque de flirter avec la caricature. Rencontre avec une forte tête qui déjoue les codes politiques. Et déroute jusque dans son propre camp.

Dans les locaux parisiens d’Amnesty International, en juin, deux membres des Pussy Riot ont accepté de rencontrer Causette, bientôt deux ans après la performance qui a mis le feu à la Russie. Elles se montrent, mais en se protégeant, boudent télés et radios, évitent les avant-premières du documentaire qui leur est consacré, Pussy Riot : A Punk Prayer (en salles en octobre). On essaie de deviner, dans les Converse de l’une, dans le gilet à capuche imprimé Mickey de l’autre, un peu d’elles-mêmes. On saura seulement que Shaïba et Serafima (noms d’emprunt) ont la petite vingtaine. Pour le reste : nitchevo ! Rien ! Ce jour-là, elles parlent de féminisme, de musique et beaucoup de politique, commentent les récentes lois liberticides dans leur pays, comme celle qui précise que « toute offense aux sentiments religieux des croyants » est passible de trois ans de prison. Une disposition qu’on appelle là-bas la « loi Pussy Riot ». Surtout, elles insistent pour qu’on n’oublie pas leurs deux camarades en prison, Nadia et Macha.

Militant de la lutte contre le sida, le Dr Kpote intervient depuis une dizaine d’années dans les lycées et centres d’apprentissage d’Île-de-France, de Versailles à Clichy en passant par Paris, comme “animateur de prévention”. Chaque semaine, il rencontre des dizaines de jeunes avec lesquels il tente de dialoguer sur la sexualité et les conduites addictives. Plongeon en adolescence, sur les rivages de la puberté, en période de forte inondation hormonale...

Manal Tamimi milite comme elle respire. Féministe et pacifiste, cette figure de Cisjordanie relaie la voix des Palestiniennes bafouées par les colons. Quand l’occupation israélienne asphyxie le quotidien, Manal est aux avant-postes. Convaincue que la résistance est également une affaire de femmes. Causette a mis ses pas dans les siens.

Pas question de flinguer le législateur ni d’appeler au Far West poujado-libéral sur fond de dérégulation sauvage. Sauf qu’un retour à l’esprit des lois – celles qui protègent sans entraver – nous faciliterait un chouïa la vie. Parce que trop de normes tuent les normes, François Hollande a promis un “choc de simplification”. Sous nos cieux, en effet, règlements et décrets s’empilent, au risque de l’indigestion et... du ridicule.

Sur fond de sorcellerie, de croyances déviantes et d’ambitions politiques, d’atroces assassinats ensanglantent le pays. Surmontant les tabous ancestraux, la population gabonaise se mobilise pour contraindre la justice à agir.

Dans les Balkans, elles sont une institution. On les appelle les «Vierges jurées». Et pour cause, ces femmes qui ont, très jeunes, endossé une identité masculine ont fait vœu de chasteté et de célibat. Pour subvenir aux besoins des leurs, elles sont devenues « ils ». Une conversion à tous les codes de la virilité qui leur a permis de sauver leur famille sans patriarche ni héritier mâle et d’accéder aux droits et privilèges confisqués par les hommes. Fruits d’une tradition centenaire, ces trajectoires en forme de renoncement relèvent de l’histoire ancienne, ou presque. aujourd’hui, seuls quelques villages des alpes albanaises comptent encore des Vierges jurées

Depuis l'enfance, le maire de Tigram n'a jamais arrêté de plaquer des accords, percuter les touches, les frapper, chercher la note, l'accompagner dans le monde qu'il s'est créé, onirique et joyeux, badin et profond, mais surtout à cheval entre toutes les cultures.

́Ecrivaine à succès, première éditrice de France, désignée “papesse de l’érotisme”, souvent poursuivie en justice pour outrage aux bonnes mœurs, Régine Deforges est une femme de convictions, de combats et de courage. À 78 ans, elle publie ses Mémoires, “L’Enfant du 15 août”. À la fois roman vrai d’une vie trépidante et hymne à la liberté. Entretien entre belles lettres et confessions intimes.

Si son nom ne vous dit rien, vous connaissez peut-être l’univers merveilleux des “Drôles de petites bêtes”, dont il est le créateur. “Siméon le papillon”, “Mireille l’abeille” ou “Léon le bourdon” sont des stars de la littérature jeunesse. Enthousiaste et inspiré, Antoon Krings lance ce mois-ci une nouvelle série, “Lou P’tit Loup ”. Portrait d’un auteur-illustrateur au charme désuet.

L’industrie du rock est sans doute la plus grosse usine à fous du xxe siècle. Une usine à fric, aussi. Elle a offert un terrain de jeu aux brindezingues, leur a donné une légitimité, et se nourrit d’eux. “The show must go on”, disaient-ils. Malgré tout, depuis que le rock est rock, certains d’entre eux évoluent à la marge de ce grand cirque bruyant – une marge qu’ils n’ont pas choisie, mais qui s’est imposée. Cliniquement fous ou juste complètement barrés, ils sont, d’une manière ou d’une autre, en sursis. Trop givrés pour être des superstars, mais trop géniaux pour rester dans l’ombre. Galerie de cintrés.

Sans Sarah, rien ne va