Il faut s’accrocher pour l’approcher ! Retranchée dans son nid perché sur la butte Montmartre, la dessinatrice est du genre farouche et peu diserte. Tel un aigle sans pitié pour ses proies, c’est là qu’elle croque d’un trait noir et continu ses semblables. Avec un don d’observation acéré que le sémiologue Roland Barthes avait salué en la désignant « meilleure sociologue de France » pour sa BD Les Frustrés. Ce à quoi elle avait répondu : «C’est n’importe quoi ! »
Des baisers à la pelle
Claire Bretécher
Qui veut le retour des femmes au foyer ?
2012, nous voilà ! Certains thèmes de campagne ont du mal à émerger, ou ne remuent pas les foules. À quelques mois de l’élection présidentielle, Causette a donc décidé de les mettre sur la table. Premier volet de cette série “Causette en campagne” : les femmes au foyer.
L’hébergement d’urgence à la rue
La rue, on y naît, on y vit, on y meurt. Le 2 novembre, un drame marquait le début du plan hivernal d’aide aux sans-abris : une femme accouchait sous sa tente d’un bébé qui n’a pas survécu. Ce fait divers a rappelé que vivre sans toit est le quotidien de plus en plus de familles, de femmes seules, enceintes, de mères. Pour autant, les associations restent coincées entre la pénurie de moyens et un gouvernement incapable d’anticiper.
La hiérarchie de la misère
Priorité aux personnes réinsérables, c’est la politique du gouvernement. Les centres d’hébergement d’urgence (CHU) visent le relogement durable en misant sur l’accompagnement social. C’est bien, mais, pour financer cet effort, on laisse définitivement tomber les plus miséreux parmi les miséreux. Les places qui leur sont consacrées se raréfient, créant des situations inédites en France. Illustration, à Paris et à Toulouse, de ces deux volets inextricablement liés de l’accueil des sans-abri…
Embrassez comme vous voudrez
Osculum, basium, savium : c’est la trilogie latine du baiser. Ce qui équivaut aujourd’hui au baiser social (l’accolade amicale, respectueuse), au baiser familial (la bise, le gros poutou, la tendresse parfois fatiguée des époux) et au baiser amoureux, érotique (le palot). Depuis toujours, on s’embrasse, et bien avant Jésus Christ que sa maman devait aussi couvrir de bisous quand il était encore un bébé joufflu. On n’a peu de témoignages, mais y’a pas de raison. Jusqu’à ce satané baiser de Judas, le « baiser de la mort », à qui l’on doit l’homonymique verbe baiser, pour « trahir » ou « se faire avoir ».
Karinna Moskalenko : L’avocate qui dit niet au Kremlin
Les procédés d’intimidation des Poutine et autres Medvedev n’y feront rien. Depuis quinze ans, Karinna Moskalenko, celle que l’on surnomme « l’avocate des causes perdues » défend sans relâche, depuis Strasbourg, les plus démunis comme les ennemis du régime. En dégainant son arme la plus redoutable : la Convention européenne des droits de l’homme… que la Russie a signée !
Le baby-blues de sages-femmes
Qu’elles exercent en libéral ou dans les maternités, les sages-femmes françaises sont en colère : elles dénoncent un manque de moyens et de reconnaissance. Pourtant, chaque année, elles accueillent la plupart des 800 000 nouveau-nés. Et au-delà de la naissance, elles sont susceptibles d’intervenir dans tous les domaines qui touchent de près ou de loin à la conception humaine hors pathologies. Plongée dans une profession en crise.
Planches de vie, de Mao à Hu Jintao
Cinq années de travail, une première BD et un couronnement à l’arrivée. Les deux auteurs d’Une vie chinoise, le Français Philippe Ôtié et le Chinois Li Kunwu, ont eu raison. Le premier, de réaliser son rêve : écrire un scénario de BD. Le second, de dessiner sa vie. Entreprise audacieuse quand on sait que Li est un « vieux cadre » du Parti communiste chinois, qui a derrière lui trente ans de dessins de propagande. Il a pourtant accepté de porter un regard lucide sur son histoire.
L’amitié flic-journalistes au tribunal
Une perquisition filmée, diffusée par TF1 en 2003 dans le cadre de l’émission « Appels d’urgence », a accouché de deux affaires judiciaires théâtrales, toujours en cours. Au cœur du litige, un journaliste aux méthodes obscures. Tout autour, des échanges de bons services entre le ministère de l’Intérieur et quelques sociétés de production déontologiquement douteuses…
Serge Portelli : Juger n’est pas jouer
En 2007, Nicolas Sarkozy s’était moqué des juges en les traitant de « petits pois », manière de signifier qu’ils se ressemblaient tous. Serge Portelli, vice-président au tribunal de grande instance de Paris, ne ressemble pourtant qu’à lui-même. Entre combats et désillusions, coups de gueule humanistes et exercice discret de son métier, portrait d’un mystérieux « petit pois ».
La mélodie des bébés
Pourquoi parlons-nous aux enfants sur un ton gnangnan, voire ridicule ? Uniquement parce qu’ils nous rendent gagas ? Pas seulement. Le «parler bébé» est un langage universel qu’on retrouve dans le monde entier. Et, rassurez-vous, il n’a rien d’idiot puisqu’il aide l’enfant à acquérir le langage.
Le Haut-Karabakh
Voilà vingt ans que les Arméniens du Haut-Karabakh ont déclaré leur indépendance. Pourtant, ils vivent dans un État « fantôme », puisque leur pays n’existe pas aux yeux du monde. Une situation ubuesque. Quelque part entre la paix et la guerre avec l’Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh vivote sous perfusion de l’Arménie. Ses 140 000 habitants continuent de croire à la liberté avec une foi intacte et un patriotisme à déplacer des montagnes.
Slow joe, le crooner venu de Goa
C’est l’histoire d’une rencontre providentielle. Celle de Slow Joe, crooner indien de 68 ans, doux dingue céleste, et de Cédric de la Chapelle, jeune guitariste lyonnais branché rock expérimental. Quatre ans après l’avoir repéré, le Français ramène Slow dans ses valises, et de leur relation atypique naît le projet Slow Joe & The Ginger Accident, ainsi qu’un superbe album blues rock mâtiné de R&B.
Les ombres des sans-papiers de Calais
Calais. Sangatte. Sous le nom de ces villes errent les ombres des sans-papiers. En 2009, Philippe Lioret, avec son film « Welcome », rendait enfin ces êtres visibles et bouleversait la France. Aujourd’hui, « Qu’ils reposent en révolte », documentaire tourné entre 2007 et 2010, raconte la vie de ces migrants qui, depuis des décennies, affluent à Calais. Cette ville détient la clé de leur passage en Grande-Bretagne : sur la mer, les ferries ; sous la mer, l’Eurotunnel. Le centre de Sangatte, créé en 1999, a représenté un rare moment d’humanité pour les migrants. Près de 63 000 personnes y ont transité jusqu’à sa fermeture en 2002. Puis les migrants se sont organisés eux-mêmes. Un véritable village d’infortune s’était alors constitué, baptisé « la jungle » de Calais. Il a été rasé en septembre 2009 en présence d’Éric Besson, alors ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale.
Carole Martinez, de merveilleux murmures
Entrer dans l’univers de Carole Martinez prend à peu près quinze secondes. En février 2007 sort son premier roman : Le Coeur cousu. Un pavé envoûtant de 432 pages, qui raconte l’histoire de Frasquita Carasco, Espagnole du XIXe siècle qui a été jouée et perdue par son mari lors d’un combat de coqs. Elle va devoir quitter son village et fuir. Elle met ses nombreux enfants dans une charrette à bras et descend toujours plus bas, jusqu’à l’Algérie. « Cette histoire est celle de mon arrière-arrière-grandmère. Celle que me racontait ma grand-mère, dans sa loge de gardienne près de Montparnasse, à Paris. Petite, j’y étais très souvent et je l’écoutais. »
Zebda, au second tour
Oualalaradime, ils sont revenus ! Le groupe toulousain Zebda a remis ses bottes de sept lieues et repris la route. Au menu : des luttes, des rires et des poèmes sociaux en chansons. Après huit ans d’absence, Magyd, Hakim et Mouss ont entamé un «tour de chauffe» d’une trentaine de dates en France. Un prélude à la sortie, le 23 janvier, d’un nouvel album, Second Tour, et à une tournée de plus grande envergure à partir de mars 2012