Bertrand Runtz

C’est écœurant, n’est-ce pas ? Pourtant, il faut bien reconnaître que c’est appétissant, avant d’y avoir goûté...

À Laodis M. « l’ami américain »

Ce matin, en ouvrant ma boîte aux lettres, je l’ai trouvée vide. Je viens d’envoyer mon dernier texte à une trentaine d’éditeurs.

J’ai demandé à le voir, et il m’a aussitôt invitée à dîner au restaurant, dans un quartier de Paris très éloigné du mien, un quartier que je déteste et où je ne mets jamais les pieds. Larges artères semi désertes non loin de l’Etoile, et les trottoirs, tout aussi larges, sont luisants de pluie ce soir, chacun semble rentré à l’abri dans son chez soi moelleux de confort.

L’Histoire n’a pas retenu mon nom et puisqu’il en est ainsi, je le tairai, aujourd’hui encore. Je resterai à tout jamais dans l’ombre de ce que mes doigts ont créé de plus splendide dans ma carrière de couturière. Je n’y suis pour rien, c’est l’Histoire avec un grand H qui détermine un destin aux hommes et aux choses.