1983-2023 : 40 ans de cours métrages

S’il suffisait d’oser

par Jean-Michel Sicot

Un étrange artefact et une soucoupe volante, une flûte enchantée figeant les badauds ou une jeune fille qui entreprend de manger une voiture, une présence maléfique dans une forêt de banlieue, un cabot qui parvient à se faire comprendre verbalement, des princesses de pacotille dans un parc d’attractions... Des images marquantes, inattendues et parfois culottées, qui ont croisé nos regards ces derniers mois et nous incitent à rassembler ainsi diverses personnalités n’ayant pas forcément de liens évidents entre elles, si ce n’est un goût de l’audace, qui mise sur des mélanges de genres potentiellement périlleux et réinventant un certain rapport au réalisme, sinon au naturalisme. Fantastique, épouvante, science-fiction, burlesque, farce potache s’instillent dans les récits de ces cinéastes récemment émergé(e)s, avec bonheur et inventivité. Car il ne suffit pas d’oser, nombre de tentatives antérieures en ce sens ont pu faire long feu ou sombrer dans le ridicule... Mais une qualité d’écriture, un travail de mise en scène et de direction d’acteurs permet à ces artistes aux parcours hétéroclites – autodidacte, acteur ou actrice à l’origine, fille de réalisateur reconnu, étudiant en design graphique – de trouver leur place et tracer leur propre voie dans les arcanes du jeune cinéma français. Avec souvent un esprit iconoclaste et jamais sans ambition.

Martin Jauvat

par Bernard Payen

Destination Grand Paris

Théo Jollet

par Mathieu Lericq

Lauréat du Grand prix de la compétition labo au Festival de Clermont-Ferrand 2022, Théo Jollet aime à mélanger les genres et les lieux, travaille en trio, admire Harmony Korine, écoute du rap américain, et expérimente plusieurs méthodes, comme l’impro sur Le Boug Doug.

Inès Loizillon

par Raphaëlle Pireyre

Dans Tifs, Maldoror, un chien qui parle, porte un œil sarcastique et grognon sur ses maîtres, une programmatrice de radio et le guitariste d’un groupe de rock qui le ballottent dans une garde alternée. C’est sans doute ce personnage de bouledogue anglais patapouf et grincheux qui incarne le mieux le regard que portent les films d’Inès Loizillon sur le monde : de biais et à contretemps, interloqué sur l’équilibre des choses.

Aurélie Reinhorn

par Olivier Pélisson

Née artistiquement comme comédienne, Aurélie Reinhorn s’est tournée vers la réalisation. De son vécu, de son sens de l’observation sociale et de son goût pour le décalage ont émergé des courts métrages loufoques et poétiques. Raout Pacha, Pied-de-biche et Son altesse protocole composent une galaxie dont la tonalité baroque s’avère revigorante.

1983-2023 : 40 ans de cours métrages

par Jean-Michel Sicot

L’histoire de L’Agence du court métrage suit naturellement celle de ce format particulier, si riche de créativité, d’audace et d’inventivité depuis quatre décennies. Et c’est ainsi que se trace un récit parallèle du grand roman du cinéma français, perpétuellement revivifié par l’émergence des nouvelles générations. Plutôt que de replonger le lecteur dans les coulisses de cette structure pionnière, unique en son genre à l’origine – avant de servir de référence et de modèle, y compris à l’étranger –, nous avons préféré tenter de porter un autre regard sur cette période d’existence et de production du cinéma hexagonal. À travers des échos et des jeux de miroirs entre ces deux époques, si proches et si lointaines à la fois, en donnant avant tout la parole à certain(e)s des protagonistes de ces quarante années ayant changé tant de choses... Un ministre, des producteurs, des réalisateurs, des diffuseurs ou responsables de festivals. Tous ont, au long de leur itinéraire, approché de près ou de loin les activités de L’Agence du court métrage, qui a aussi immensément évolué à leur contact et à celui de leurs pairs. Ce n’est pas fini, bien loin de là, et le rendez-vous est déjà presque pris pour le cinquantenaire, en 2033.

Pascale Faure

par Christophe Chauville

Comment dit-on « grand témoin » au féminin ? Pascale Faure a suivi de très près les quatre décennies écoulées de la vie du court métrage français, en ayant avant tout été l’une de ses principales actrices, à la tête des Programmes courts et création de Canal+. Il apparaissait donc tout naturel de faire appel à ses souvenirs, dans la joie et la bonne humeur.

L’Ukraine en lutte

par Mathieu Lericq, Arnaud Hée

L’événement majeur de l’année écoulée, à l’échelle planétaire, est de toute évidence l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine, à partir du 24 février dernier. Les répercussions multiples qui en ont résulté à tous les niveaux ont également touché le monde de la culture et du cinéma. Partageant l’émotion générale suscitée par l’agression, il nous a semblé utile et nécessaire de nous arrêter sur cette cinématographie méconnue, pourtant riche en talents, y compris sur la période récente. Nous l’abordons, cependant, selon des axes différents de ceux qui orientèrent, ces dernières années, les dossiers consacrés aux jeunes générations du cinéma portugais ou, il y a trois ans, russe justement... La paix et les promesses d’avenir passent aussi par l’art, quoi que puissent en dire les propagandes populistes de tous poils.

Clément Cogitore

par Donald James · visuels: Jean-Michel Sicot

Il y a plusieurs années que nous suivons le parcours et le travail de Clément Cogitore, dont la réputation n’a cessé de croître depuis le début des années 2010. Des années, aussi, que nous prévoyions de lui proposer de nous accorder un entretien conséquent sur l’ensemble de ses œuvres. Son retour au long métrage de fiction, avec Goutte d’or (sortie le 1er mars 2023), nous en a donné l’occasion parfaite.

Alice Diop

par Amélie Galli

En 2020, alors qu’elle achève le tournage de son long métrage documentaire Nous, Alice Diop formalise l’idée d’une Cinémathèque idéale des banlieues du monde, en collaboration avec l’équipe des Ateliers Médicis, à Clichy-Montfermeil, où elle est alors en résidence. Inventaire immatériel et utopiste, elle recense les films ayant représenté la banlieue depuis la création du cinéma. Une histoire parallèle du septième art, qui irait de La zone de Georges Lacombe, en 1928, au Go Forth de Soufiane Adel (2014), en passant par Enfants des courants d’air d’Édouard Luntz, en 1959, et Les mains négatives de Marguerite Duras, en 1979. Ce collage sans fin rapprochant des films et des regards, aujourd’hui composé d’environ trois cents films, aura pris, depuis, la forme de programmations et se poursuivra, en 2023, dans les salles et par la création d’une plateforme en ligne.

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