Central(e) Godard

Étaix et ses pairs - La Quintessence du burlesque

par Jacques Kermabon

Parce qu'il fut pour lui gagman, affichiste, assistant sur Mon oncle, on associe volontiers le nom de Pierre Étaix à celui de Jacques Tati. On ne saurait pour autant comparer le cinéma de celui-là à l'aune de l'oeuvre de celui-ci. Pas seulement parce que Tati confine au génie, mais parce que la démarche d'Étaix s'inscrit plus explicitement dans les traces des grands maîtres du slapstick comme Buster Keaton, Harold Lloyd, Harry Langdon, Max Linder, et que, par ailleurs, son cinéma repose plus sur les ressources du scénario, en l'occurrence d'un scénariste, Jean-Claude Carrière, avec lequel il a entretenu une régulière complicité. Ce sont ces rencontres qui l'ont conduit à la réalisation, lui qui, de formation graphiste, fit ses premières armes en se produisant dans les cabarets et les music-halls, mais qui est aussi clown et prestidigitateur. En 1961, un premier court métrage, Rupture et un second, Heureux anniversaire, qui lui vaut l'Oscar du meilleur court métrage en 1963, le mènent à enchaîner les quatre longs métrages de sa carrière entre 1964 et 1971 avec plus ou moins de succès.

Parole de producteur : Les trois ours

Des outils pour Mekas

Expérimental

Dispositif : Emergence

Table ronde : Apprendre le scénario

par Sylvie Delpech

Comment écrire un scénario ? Y a-t-il des méthodes, des techniques qu'on puisse transmettre? La question semble d'importance et un brin épineuse si on se fie aux nombreuses publications qui tentent d'y apporter des réponses. Pour évoquer les formes possibles d'enseignement du scénario, nous avons reçus, sous la verrière de la Maison des auteurs, à la SACD, plusieurs personnalités de divers horizons, confrontés à cette question, et leur avons demandé de nous livrer leurs témoignages et les réflexions que leur pratique leur inspire. Scénario : mode d’emploi…

Festival : Annecy

Rencontre avec Marcel Jean

Les lendemains de Bénédicte Pagnot

La fille du 14 juillet d’Antonin Peretjatko

par Donald James

Depuis ses débuts (Changement de trottoir, 2003), le cinéma d’Antonin Peretjatko brasse les références et ne cesse d’interpeller le spectateur. Cartons noirs et commentaires off, tonalité sautillante, musique jazz : voilà un cinéaste qui convoque avec fantaisie la sainte trinité Godard-Rozier-Truffaut, connaît sa Nouvelle Vague sur le bout des doigts et maîtrise les yeux fermés la géométrie de Paris. Malgré la pente vers la série B, l’obsession des couleurs pompidoliennes, les expérimentations visuelles et l’humour franchouillard, ce cinéma en se parodiant sans cesse brouille les pistes. La sainte trinité n’est peut-être pas celle qu’on croyait. Antonin Peretjatko a fait de la déconne son étoile. Il éclaire ses films d’accents libertaires tant du point de vue de la forme (impression de films tournés et expédiés à la hâte) que du fond (hommage ici aux anarchistes du Tiqqun, petites phrases ici et là pour clamer le droit à la paresse, Guy Debord aux aguets) parvient, avec ses courts métrages timbrés, à échapper toute tentative de catégorisation.

Christophe Loizillon

Central(e) Godard

par Jacques Kermabon

Les trouvant mortifères, une amie attentionnée nous a convaincu de renoncer aux deux titres entre lesquels nous hésitions : Que reste-t- il de Godard ? versus Ce qu’il reste de Godard. Que la formule prenne un sens interrogatif ou, au contraire, affirmatif, il s’agissait surtout de sonder quelques jeunes ou moins jeunes réalisateurs. Comment cette référence incontestable, cette influence majeure leur parle-telle aujourd’hui ?

La petite collection

- Les 25 ans de l'ECAL - Le sens de l'orientation de Fabien Gorgeart - Mademoiselle Kiki et les Montparnos d'Amélie Harrault

Les films

- Echos de Clermont-Ferrand - Où sont passés les films simples ? - Le grand dérèglement - Avant que de tout perdre de Xavier Legrand - L'amour bègue de Jan Czarlewski - 45 Degrees de Georgis Grigorakis - Musique de chambre de Julia Kowalski - Hotel Pennsylvania de Marc Raymond Wilkins - Cadavre exquis de Léa Mysius - Just Ancient Loops de Bill Morrison - Welcome and... Our Condolences de Leon Prudovsky - No Boy de Nathan Nicholovitch - Lisboa Orchestra de Guillaume Delaperrière - Foxes de Lorcan Finnegan - Nieuwport en juin de Geoffrey Couanon

La mémoire des mondes de Jean-Daniel Pollet

par Arnaud Hée

On peut caractériser Jean- Daniel Pollet de grand cinéaste confidentiel à l’origine d’une filmographie audacieuse et inclassable. Après Tours d’horizon, POM Films poursuit ici son travail de mise en valeur d’une oeuvre précieuse, trop méconnue et peu visible. Il faut louer le soin éditorial apporté à ce coffret DVD. Les films sont en effet accompagnés de nombreux suppléments, notamment un long entretien où Jean-Luc Godard évoque le cinéma de Jean-Daniel Pollet, dont il fut un défenseur précoce. Film socialisme (2010) formulait l’intimité du lien artistique unissant Godard et Pollet, plusieurs plans de Méditerranée y étaient “remixés”, notamment l’emblématique et fascinante séquence de la jeune fille à la blouse.

Jacques Brunius, un cinéaste surréaliste (DVD)

par Michel Roudevitch

€

Benjamin Rabier, l’homme qui fait rire les animaux de Marc Faye

par Michel Roudevitch

Après s’être penché sur la vie et l’œuvre du publiciste et ciné-graphiste O’Galop, père de Bibendum *, son arrière-petits-fils Marc Faye a conçu et réalisé dans la même veine un documentaire animé sur les pas de Benjamin Rabier, le papa de la “Mona Lisa cornue” qui rigole à belles dents (depuis déjà une dizaine de décennies) ventant un fromage “vachement bon”. Elle s’esclaffa tout d’abord sous le vocable “Wachkyrie”, raillant le walhalla wagnérien afin de ravigoter (et de ravitailler) les poilus crapahutant sur les sentiers de la gloire. Nous retrouvons avec jubilation un Vendéen – né en 1864 à la Roche-sur-Yon – déambulant dans “le ventre de Paris”, employé aux halles de Baltard by night et crayonnant le jour, proposant ses planches à la presse alors prospère. Le rire, créé en 1894, lui prend régulièrement des dessins.