Comment, tournant le dos à la géniale Agatha Christie, le polar est devenu le fer de lance du roman noir. Un véritable foyer d’insurrection littéraire, avec pour vocation de soulever le tapis de la littérature bourgeoise.
Tour du monde du polar
Dans un monde de plus en plus noir
Une dimension ethnographique
Dans le roman policier actuel, le crime passe souvent au second plan. Le lieu de l’action, décrit avec une profusion de détails réalistes, devient le moteur principal du récit. Cet ancrage dans un territoire n’est pas étranger à l’extraordinaire engouement que ce genre suscite un peu partout dans le monde.
L’Europe au scalpel des détectives
Holmes, Poirot, Maigret. Leurs successeurs s’appellent Montalbano, Harry Hole, Boruvka, Rogas, Wallander… Grâce à la précision de ses descriptions, le polar européen est plus que jamais le miroir de la société et de son évolution. Ancré dans l’Histoire, il en exhibe les cicatrices. Comme en témoignent Ian Rankin ou Jo Nesbø, il lui arrive même de l’anticiper.
Quand le romancier se fait enquêteur
En Italie, les lecteurs ne demandent plus au polar de les distraire mais de les informer sur une actualité que la presse ne veut pas ou ne peut pas traiter. Comme les liens entre les mafias du monde entier et les dirigeants économiques et politiques. Dans ces romans d’un nouveau style, la fin n’est pas faite pour rassurer.
De Mussolini aux années de plomb
Les épisodes troublés de l’histoire italienne récente sont une source inépuisable d’inspiration pour les romanciers transalpins et d’ailleurs. En témoignent la série de Maurizio De Giovanni, située à Naples du temps du fascisme, et L’Évasion, le roman noir que la Française Dominique Manotti a consacré à la violence politique des années 1970.
Sous le vernis du bien commun
Dépêchés dans la région de Valence pour élucider le meurtre d’une élue locale, les enquêteurs Bevilacqua et Chamorro tirent le fil d’un vaste réseau de corruption. Dans une Espagne où les affaires défraient la chronique, Lorenzo Silva pointe les agissements de la classe politique et l’indulgence dont la société fait trop souvent preuve à l’égard de ces pratiques.
Le mal à l’état pur
Les sociétés scandinaves sont-elles aussi paisibles et harmonieuses qu’aiment à le penser leurs habitants ? Ou n’est-ce qu’une illusion, comme s’attachent à le montrer le Norvégien Jo Nesbø et les nombreux autres auteurs de romans policiers qui ont émergé dans le sillage des Suédois Maj Sjöwall et Per Wahlöö ?
Intrusion chez les Sames
En l’espace de deux ans, Kautokeino, dans la Laponie norvégienne, s’est fait une place de choix sur la carte du polar mondial. Deux écrivains passionnés de culture same, le Français Olivier Truc et le Suédois Lars Pettersson, y situent leurs histoires criminelles. Les habitants n’apprécient qu’à moitié.
L’éventreur hante encore le Yorkshire
Le nord de l’Angleterre ne s’est jamais vraiment remis de cette période du tournant des années 1970 où des meurtres en série défrayaient la chronique. Dans sa célèbre tétralogie consacrée à la région de son enfance, David Peace tente de décortiquer les raisons de ce déchaînement de violence.
Chroniques d’un pays brisé
La romancière irlandaise sonde dans son oeuvre les dégâts psychologiques provoqués par l’ascension économique fulgurante puis la chute tout aussi rapide de son pays.
Scènes de meurtre en Bavière
Les Allemands raffolent des « Regionalkrimis », ces polars dont l’action se situe dans des coins reculés du pays. Pourquoi un tel engouement ?
Des cadavres dans les placards polonais
Le polar a le vent en poupe en Pologne depuis une dizaine d’années. Beaucoup d’auteurs, parmi lesquels Marcin Wron´ski, Zygmunt Miłoszewski et Marek Krajewski, puisent leur inspiration dans l’histoire tumultueuse de leur pays au XIXe siècle. Leurs oeuvres commencent à être traduites à l’étranger.
Fred Vargas l’exorciste
Dans ses livres où le surnaturel le dispute en permanence au rationnel, la romancière titille un inconscient collectif moins désenchanté qu’il y paraît. En ressuscitant les mythes populaires du Moyen Âge, elle exhume – et exorcise ? – des angoisses ô combien modernes.
Manchette dans la société du spectacle
Une grande figure du roman noir américain dit toute l’admiration qu’il porte à celui qui a révolutionné le polar français en en faisant une arme de contestation sociale et politique.
La couleur que Los Angeles a donné au monde
Né dans la Cité des anges de l’union entre la littérature policière américaine et l’expressionnisme allemand, le « noir », roman ou film, s’est imposé comme style mais aussi comme façon de voir la vie, les personnages et le destin. Et a engendré une nombreuse progéniture aux quatre coins de la planète.