Dans son dernier roman, António Lobo Antunes fait entendre les pensées des locataires d’un immeuble lisboète, tous obsédés, chacun à sa façon, par le passé, la vieillesse et la mort.
Neandertal, c’est nous
Les fantômes de Lisbonne
Malala, icône utile de l’Occident
Prix Nobel de la paix à 16 ans, la Pakistanaise Malala Yousafzai symbolise la résistance aux talibans, qui ont tenté de l’assassiner. Devenue un mélange de Jeanne d’Arc et d’Anne Frank dans l’imaginaire occidental, elle est un précieux outil de propagande qui nourrit l’islamophobie.
La longue histoire des geeks
Depuis le premier programme informatique imaginé par la fille de Byron au XIXe siècle jusqu’au dernier iPhone, en passant par l’invention des adresses en @, un ouvrage à succès outre-Atlantique retrace l’histoire et les parcours de tous ceux, célèbres ou anonymes, qui ont fait la révolution numérique.
L’entreprise, mal-aimée des lettres françaises
Un couple sur trois prend naissance à proximité d’une machine à café, et pourtant la vie de bureau ne séduit guère les romanciers. Du moins en France. Aux États-Unis, c’est une autre affaire : l’office novel est (presque) un genre littéraire.
Verdun, ce terrible accident
Plus de 100 000 morts dans chaque camp, la bataille la plus longue de la Grande Guerre… Et tout cela pour rien ? Le lieu n’avait aucune importance stratégique. Les deux parties en ont fait un symbole, mais seulement au bout d’un certain temps.
Ludmila Oulitskaïa
L’homo sovieticus n’est pas mort. Nostalgiques de la grandeur passée, convaincus que leur pays est le seul porteur de vérité, les Russes s’abandonnent à la main ferme de Vladimir Poutine. Faute d’avoir su lire Soljenitsyne. Dans ce pays où la parole des intellectuels est noyée sous le bruit télévisé, une grande romancière avoue n’avoir plus foi que dans la grandeur des auteurs classiques et la lutte pour la dignité.
Une famille recomposée
L’histoire longue de notre espèce ressemble moins à un arbre au tronc unique qu’à un buisson aux ramifications complexes, regroupant de nombreuses espèces diversement apparentées. Si l’étude des fossiles nous aide à mieux nous y orienter, il reste bien des zones d’ombre. Quand le langage et la pensée symbolique ont-ils émergé ? Comment se sont déroulés les 30 000 ans de cohabitation entre Homo sapiens et Neandertal ?
La fin d’une mauvaise réputation
Neandertal a longtemps régné sur l’Eurasie, résistant à plusieurs périodes glaciaires. Loin d’être l’humain archaïque que l’on croyait, la science a récemment découvert en lui un artisan sophistiqué et un chasseur émérite, capable en outre de pensée symbolique. Il a pourtant disparu il y a environ 30 000 ans, acculé sans doute par un Homo sapiens au cerveau plus performant. Mais il ne s’est pas éteint tout à fait. Les dernières recherches le révèlent : les deux espèces se sont métissées et nous avons tous en nous des gènes de Neandertal.
Nous l’avons dans la peau
Européens et Asiatiques ont hérité plusieurs gènes des néandertaliens. L’un est impliqué dans la fabrication de la peau et des cheveux, d’autres dans la prédisposition à certaines maladies… jusqu’à l’addiction au tabac. Au total, 20 % à 30 % du génome néandertalien continue de circuler.
De Sardanapale à Daesh, la violence irakienne
La brutalité inouïe des djihadistes de Daesh a créé en Occident un nouvel abîme d’incompréhension à l’égard de la violence irakienne. Mais le phénomène s’enracine dans 35 siècles de convoitise pour cette parcelle de terre fertile qu’est la Mésopotamie. La tragédie actuelle est l’expression des pathologies du pouvoir ainsi transmises au pays. Un désastre que nul ne saisit mieux qu’une nouvelle génération d’écrivains à l’ironie sombre.
Pourquoi l’alarme n’a pas sonné
Les experts n’ont pas seulement été incapables de voir venir la crise de 2008, pourtant hautement prévisible. Aveuglés par un optimisme à peine imaginable aujourd’hui, ils la jugeaient aussi impossible. Les outils mis en place depuis la Grande Dépression auraient dû l’empêcher. Six ans plus tard, ils pensent avoir compris ce qui s’est passé. Mais est-ce si sûr ? Que vaut le nouveau consensus ?
Le Chelsea Hotel, rêve d’artistes
Sur la 23e rue, à New York, un hôtel coopératif fut dans les années 1960 et 1970 l’épicentre de la scène culturelle américaine. Jusqu’à ce que la drogue s’en mêle.
La fausse banalité d’Eichmann
Une nouvelle biographie du grand exécuteur de la politique juive du IIIe Reich pulvérise l’image tenace d’un « petit homme » sans relief, fonctionnaire besogneux dont le seul crime aurait été d’obéir aux ordres. Cette légende qu’il a construite lui-même lors de son procès a dupé Hannah Arendt. Si la philosophe a ouvert un débat fécond sur la relation entre banalité bureaucratique et génocide, elle a pris pour étayer sa thèse, avec cet idéologue fanatique, le plus mauvais exemple qui soit.
Richard Wolin
La philosophe s’était fait sa religion sur Eichmann avant le procès. L’extraordinaire fortune de sa formule, la « banalité du mal », s’explique par le contexte idéologique d’une époque qu’obsédaient l’impersonnalité bureaucratique et le conformisme de la « société de masse »
El Alto, nouvelle frontière de l’architecture
Drôle d’endroit pour une révolution ! Ici et là, au beau milieu des rues poussiéreuses d’El Alto, morne ville-champignon des environs de La Paz, surgit la vision stupéfiante d’une façade flambant neuve au décor tape-à-l’oeil, aux couleurs criardes, aux formes improbables : l’un de ces palais délirants que se construit, pour afficher son opulence et sa fantaisie, la nouvelle bourgeoisie bolivienne. Kitsch de parvenus ou réinvention des traditions populaires indiennes ?