Si vous voulez échapper au Web, au moins pour un temps, vous pouvez vous inscrire pour un séjour l’été prochain à Camp Grounded, une « colonie de vacances pour adultes », en Californie. Les règles sont simples, relève le New York Times : ni smartphone, ni ordinateur, ni tablette, pas même de montre. Interdiction de communiquer aux autres son vrai nom et de parler de son travail. Au menu : yoga, concours d’histoires drôles, ateliers d’écriture et… conversation. Imaginée par la société Digital Detox (« Désintoxication numérique »), l’initiative a rencontré un franc succès dès son lancement, en 2013.
Peut-on échapper au web ?
Peut-on échapper au Web ?
La grande dépossession
Sans en avoir conscience, nous sommes habités par une vision quasi religieuse des nouvelles technologies. Sous l’emprise de cette idéologie dominante, nous acceptons aveuglément tout ce qu’elles proposent, livrons gratuitement nos données personnelles aux marchands et croyons les résultats de nos recherches sur le Web avec une foi de charbonnier. Comment lutter contre cette forme nouvelle d’endoctrinement ?
Nous sommes les pantins du Web
Tout – nos recherches sur le Web, nos déplacements, nos achats, nos goûts, nos préférences politiques – est dûment enregistré et exploité. Les boutiques peuvent savoir que vous êtes dans les parages, les assureurs connaître votre état de santé, et les États profiler des suspects. Cela, nous l’avons laissé faire, nous l’avons choisi, tant est puissante notre aspiration à la servitude volontaire.
Réapprendre l’ennui
En 1924, l’écrivain allemand Siegfried Kracauer préconisait « l’ennui exemplaire, radical » contre les agressions de la vie moderne. Et conseillait pour cela de « fermer les rideaux ». Aujourd’hui, c’est un ennui d’une autre nature, né de la surinformation, qui nous menace sans que nous en ayons conscience. À la différence du premier, cet ennui connecté ne nous laisse pas le temps de penser.