Le pape du nouveau journalisme, qui avait su magnifier le réalisme à la Zola, est fatigué. Son dernier livre se vautre dans la facilité stylistique et peine à capter l’âme de Miami comme celle de ses personnages. Au moment même où une nouvelle génération de romanciers s’interroge : la littérature de reportage a-t-elle le moindre sens dans ce monde saturé de réel ?
Le suicide d’Israël
Requiem pour Tom Wolfe
Lupin, pas si gentleman
Le modèle du héros de Maurice Leblanc était en réalité un révolutionnaire. Issu d’un milieu populaire de Marseille, initié tôt aux rigueurs de l’existence, il signait ses vols « Attila » et reversait 10 % de son butin au mouvement anarchiste. Pendant son procès, il tint tête à ses juges.
Entretien: Rem Koolhaas
"L'architecture tourne le dos à la ville". L’aspiration au gigantisme des grandes métropoles mondiales accouche d’une ville générique, sans identité, sans passé, sans rues, dédiée au seul shopping. Ce « junkspace », espace-rebut déculturé, est l’expression d’un fascisme sans dictateur. Il signe l’acte de décès de l’art architectural.
Le suicide d’Israël
Pour comprendre ce qui se passe en Israël, rien ne vaut de lire l’enquête sur l’évolution des pratiques religieuses publiée par l’Israel Democracy Institute (lire p. 38). Non seulement les orthodoxes et les ultra-orthodoxes ont le vent en poupe, mais c’en est fini de la « majorité laïque » et même de la vieille idée que cet État est un « melting pot » multiculturel. 67 % de la population pense que les Juifs sont le peuple élu et 65 % que la Torah a été reçue de Dieu.
La fuite en avant
L’inlassable développement des colonies de Cisjordanie, fondé sur la confiscation des terres palestiniennes, crée dans les territoires une véritable ethnocratie. Mais cette politique d’apartheid, conduite avec le soutien du lobby juif américain, est suicidaire : en créant, de fait, un seul État de la Méditerranée au Jourdain, Israël ruine ses chances de rester un État juif.
“L’ennemi de l’intérieur”
On en parle peu, mais les Arabes citoyens d’Israël représentent 20 % de la population, et sont perçus par la droite comme une menace. Des analystes de gauche soutiennent qu’il faut réduire les iniquités dont ils sont victimes, faute de quoi un « bain de sang » risque de se produire. De là à parler de « bombe démographique »…
Les orthodoxes ont le vent en poupe
Le judaïsme structure plus que jamais la vision du monde des Israéliens. Non seulement le nombre des orthodoxes et des haredim n’a cessé de progresser, mais 67 % de la population pense que les Juifs sont le peuple élu et 65 % que la Torah a été reçue de Dieu. Faute de prendre en compte cette réalité culturelle, les laïcs qui ont fondé Israël favorisent sa désintégration.
Les plus belles images de Mahomet
Interdite, la représentation du Prophète dans l’islam ? Ni par le Coran ni par la charia, en tout cas. Depuis le XIIIe siècle, la figure de Mahomet ponctue l’histoire de l’art islamique. Certes, les portraits de l’envoyé d’Allah restent relativement rares, en particulier dans le monde arabe, mais la réticence qui s’exprime ainsi a moins à voir avec la parole de Dieu qu’avec l’effroi tout culturel d’une foi très tôt confrontée à des civilisations repues d’images.
Les bonnes affaires des marchands d’armes
Les fabricants d’armes ne connaissent pas la crise. Sur ce marché de près de 2 000 milliards de dollars, une puissante coalition d’intérêts industriels, militaires et politiques se joue des règles du droit et de la démocratie. La corruption, à la fois cause et conséquence de ce juteux commerce, règne sur un monde qui a la guerre pour raison d’être.
La grande illusion du bio
Les éco-gastronomes l’assurent : le secret de l’alimentation saine et solidaire tient en deux mots : bio et local. Comme en Afrique, donc, qui reste, faute d’engrais et de routes, le paradis de l’agriculture traditionnelle ? C’est désolant, mais en matière alimentaire, les vérités dérangent : le bio est plus souvent synonyme de pauvreté et de problèmes sanitaires que l’inverse. Pis, son essor conduirait la planète à la catastrophe écologique.
Moi, Johann Kühn, escalve des barbaresques
Ce jeune marin allemand capturé par les pirates en 1725 a passé quatorze ans, deux mois et dix-sept jours en esclavage. Entre le XVIe et le XIXe siècle, les Barbaresques écumaient la Méditerranée, à la recherche de l’« or blanc », ces Européens qu’ils échangeaient contre rançon ou vendaient comme esclaves, assurant la prospérité des cités d’Afrique du Nord. Parmi ces dizaines de milliers d’infortunés, un certain Cervantès.
Pour l’amour des requins
Entre les hommes et les squales, ce n’est pas l’amour fou. Il faut dire que leurs moeurs et leurs habitudes alimentaires n’arrangent pas les choses. Ces poissons honnis ont pourtant leurs défenseurs. Car, s’ils sont moins dangereux pour l’homme que les sapins de Noël, nous en tuons 73 millions chaque année, dans l’indifférence. Une menace pour l’écosystème.
Jarry, vraiment hénaurme
Ses journées s’écoulaient au rythme des absinthes, il parlait à la manière saccadée d’Ubu et vivait au milieu des hiboux et des fi entes qui vont avec. Par ses excès, la vie surréaliste d’Alfred Jarry a parfois semblé masquer l’oeuvre. Mais la première était un élément de la seconde, l’une et l’autre entièrement dédiées à cette « science des solutions imaginaires » qui allait influencer Breton, Picasso ou Perec.
L’enfance d’un sérial killer
Comment devient-on tueur en série ? Dans une BD en forme d’enquête biographique, Derf Backderf se souvient d’un de ses camarades de lycée, cet ado solitaire, morbide et excentrique qui allait devenir « le cannibale du Milwaukee ».
Character IV
Trevor bricolait un robot, comme nombre de Terriens bricolent pendant des années une vieille voiture. À ce moment-là, il était en train de travailler sur une oreille et voulait vraiment prendre son temps car il avait l’intention de pouvoir discuter de musique avec Morti. La musique était son unique passion.