Nous avons la mémoire courte. Les Arabes comme les autres. L’âge moyen de la population de leurs pays étant inférieur à 30 ans, parfois 25, il est douteux que les révolutionnaires de Tunis ou du Caire, en tout cas la plupart d’entre eux, aient une notion un tant soit peu précise du passé dont ils ont hérité. Néanmoins l’histoire, y compris l’histoire longue, irrigue les peuples. Transformée, outrageusement simplifiée, faussée, mythifiée, incomprise – souvent d’ailleurs difficile à comprendre, même pour les spécialistes –, elle travaille les esprits. Partout dans le monde, elle joue un rôle essentiel dans les comportements politiques. Ce rôle devient particulièrement visible dans les situations de crise. Même s’ils pensent ne jouer que le jeu du présent, les jeunes Arabes qui tentent aujourd’hui de renverser les dictateurs en place ont en réalité une conscience aiguë de leur histoire, ou de l’histoire tout court – une conscience très différente de celle des jeunes Européens. Mais quelle est-elle ?
Les Arabes face à leur histoire
La colère de l’humilié
Deux siècles de ressentiment
De l’invasion de l’Égypte par Napoléon à celle de l’Irak par George Bush, en passant par la domination israélienne, l’histoire moderne du monde arabe peut être vue comme l’expression d’une perpétuelle impuissance. En filigrane, d’irréductibles divisions et la crainte de la démocratie.
Les croisades, vues par les Arabes
L’hagiographe de Saladin voyait les Francs comme un « essaim de mouches » et des « sauterelles sans ailes ». Aujourd’hui, les croisades occupent toujours une place centrale dans l’imaginaire arabe.
L’incroyable conquête
Il a suffi de cent ans pour que les Arabes se taillent un empire aussi vaste que Rome à son apogée, avec guère plus de 30 000 hommes. Grâce à une conjonction de facteurs peu ordinaire.
Le temple du savoir
Bagdad est devenue pendant cinq siècles le centre de gravité du monde scientifique et intellectuel. L’Europe doit à cet héritage son évolution vers la Renaissance. Comment expliquer le déclin qui s’est ensuivi ?
Les Arabes avant les Arabes
Saddam Hussein se réclamait de Nabuchodonosor, qui régnait bien avant l’apparition des Arabes. Qu’en est-il en réalité des origines de ce peuple, ou plutôt de cette notion ? Qui étaient les Arabes avant le Coran ? Comment leur identité s’est-elle construite après Mahomet ?
Les souffrances de la modernité
Les poètes libanais sont peut-être les meilleurs interprètes du complexe d’échec qui affecte le monde arabe. Khalil Hawi, Nizar Kabbani et Adonis ont parfaitement exprimé, dans les années 1970, 1980 et 1990, la déception désespérée d’une collectivité soumise à l’Occident, à Israël et à ses propres « sultans ».
“Traduire est un art de contrebandier ”
De bons livres, il y en a à la pelle ; les bonnes traductions, elles, sont rares, explique l’écrivain Patrik Ourednik, qui a traduit en tchèque Rabelais, Queneau, Jarry et bien d’autres auteurs réputés intraduisibles. Il nous parle ici de cet art complexe, dont on ignore trop souvent qu’il fut une arme de subversion contre le totalitarisme communiste.